Comment l’État éthiopien a tenté de saboter le patron de l’OMS

D’énormes quantités de données provenant d’Éthiopie révèlent les multiples manœuvres du pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed dans le but discréditer l’ancien responsable du pays et actuel dirigeant de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Un État qui ternit la réputation d’un de ses illustres fils. Ce n’est pas commun. C’est pourtant le tableau dépeint par l’Éthiopie ces dernières années.

Selon des documents fuités du Service de renseignement financier éthiopien analysés par la Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) basée à Paris, la nation est-africaine aurait mis tout en œuvre pour torpiller la personne de Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Ce dernier actuellement à la tête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), aurait en effet été l’objet d’une campagne d’intoxication, de mensonge et de calomnie savamment orchestrée par le régime d’Abiy Ahmed, le Premier ministre de l’Éthiopie, et destinée à le souiller.

Détournements de fonds, inconduites sexuelles…

Les accusations les plus graves, dont celle de de corruption, de détournements de fonds publics, d’abus de pouvoir et d’inconduites sexuelles ont ainsi été formulées à l’encontre de Tedros Adhanom Ghebreyesus par ailleurs ancien ministre (Santé puis Affaires étrangères) en Éthiopie.

D’anciens collègues de ce dernier resté au pays, évoque auprès de l’agence Bloomberg, une véritable campagne gouvernementale destinée à le criminaliser. Pour ce faire, des relevés bancaires, des témoignages manuscrits, des correspondances électroniques impliquant Ghebreyesus ont été compilés et transmis à la justice éthiopienne.

La manœuvre s’est poursuivie au-delà des frontières de l’Éthiopie avec notamment un intense lobbying des diplomates éthiopiens contre une réélection de l’homme de 58 ans à la tête de l’OMS. Une position justifiée selon le pays par « son incapacité d’être à la hauteur de l’intégrité et des attentes professionnelles requises de sa fonction et de son poste ».

Une animosité aux relents politiques

Tedros Adhanom Ghebreyesus sera malgré tout réélu pour un second mandat en mai 2022, une élection à laquelle il était seul en lice. Aucune des allégations émises par le gouvernement éthiopien à son encontre n’a pas non plus prospéré.

Mais l’animosité entre lui et les dirigeants actuels de son pays reste palpable. En témoigne son refus de rentrer dans les circonstances actuelles. « J’aimerais être à la maison, mais les circonstances ne le permettent pas », a-t-il confié à Bloomberg.

Aux sources de cette tension figure les prises de position publiques de Ghebreyesus contre le pouvoir d’Abiy dans le cadre de la guerre au Tigré, opposant notamment le régime d’Addis-Abeba et le Front de libération du peuple du Tigré, ancien parti au pouvoir.


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