Le discours musclé de Mamady Doumbouya à la tribune de l’ONU

Le chef de l’État au pouvoir en Guinée a longuement critiqué l’Occident jeudi, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, prônant notamment l’idée de coup d’État salvateur face aux dérives démocratiques.

Les putschistes en vogue ces dernières années sur le continent africain n’auraient sans doute pas pu rêver d’un meilleur porte-voix à l’ONU où se déroule jusqu’au 26 septembre 2023, la 78e Assemblée de l’institution, dans la ville de New York.

Malgré l’abandon pour la circonstance de son inséparable tenue militaire, le colonel Mamady Doumbouya a gardé la rhétorique propre à ses frères d’armes. Pendant près d’une vingtaine de minutes de discours, l’homme fort de Conakry depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, a défendu sa prise du pouvoir.

Une initiative dit-il, destinée à « éviter le chaos » dans son pays. « Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes, qui renverse un régime », a insisté le tombeur d’Alpha Condé dont l’intervention militaire est intervenue dans un contexte politique tendu.

Haro sur la démocratie

Condé s’était en effet fait réélire quelques mois plus tôt pour un troisième mandat à la suite d’une révision constitutionnelle controversée. Cet acte fut à l’époque l’un griefs portés contre lui dans le cadre de son renversement.

« Les vrais putschistes, les plus nombreux, qui ne font l’objet d’aucune condamnation, c’est aussi ceux qui manigancent, qui utilisent la fourberie, qui trichent pour manipuler les textes de la Constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir », a déclaré Mamady Doumbouya à l’ONU.

Il impute cette situation à une défaillance du système démocratique qualifié par ses termes, de « modèle imposé » à l’Afrique. Ce modèle « a du mal à passer et à s’adapter à notre réalité », selon le chef de la junte guinéenne.

Défense du continent

« L’Afrique de papa, la vieille Afrique, c’est terminée », a lancé l’ancien patron des forces spéciales de Guinée, dans une formule particulièrement caustique.

« C’est le moment de prendre en compte nos droits, de nous donner notre place. Mais aussi et surtout le moment d’arrêter de nous faire la leçon, de nous traiter comme des enfants », a-t-il poursuivi.

Alors que l’Afrique est traversée depuis trois ans par une vague de coups d’État – le Mali, le Burkina, le Niger et le Gabon y ont tous passés en dehors de la Guinée – plébiscité par les populations, cette sortie du colonel Doumbouya devrait en ravir plus d’un. En cause, un certain dédain du monde occidental de plus en plus répandu sur place.


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