En dénonçant l’inconstitutionnalité de l’amendement du règlement intérieur sur le nomadisme parlementaire, adopté par les élus le 6 mai dernier, le président tunisien Kaïs Saied se met (volontairement) à dos le Bardo.
« La vérité, c’est quand le peuple est capable de s’exprimer librement »
Lors de l’inauguration à Kebili d’un hôpital militaire mobile (don de l’émirat du Qatar), le lundi 11 mai 2020, dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus, Kaïs Saïed a dénoncé la dernière proposition portant amendement du règlement intérieur concernant le tourisme parlementaire. Il s’agit principalement de l’article 45 qui stipule que chaque député qui démissionne de son parti perd automatiquement son siège. D’emblée, le président tunisien a souligné que « La vérité, c’est quand le peuple est capable de s’exprimer librement. C’est quand il a la possibilité de retirer sa confiance à celui qui l’a trahie ».
Puis d’attaquer : « Si l’élu était responsable face à ses électeurs et que ces derniers étaient en mesure de lui retirer leur confiance, le Parlement n’aurait pas eu besoin de cet amendement qui constitue une grave violation. ». Pour Kaïs Saïed « C’est une maladie constitutionnelle, plus grave que la pandémie du Covid-19. ».
Le Bardo se dressera contre Carthage
Aussi, le locataire du Palais de Carthage est convaincu qu’il n’y a « Pas de légalité sans légitimité ». Cet appel à un système de démocratie directe, jugée plus équitable que le régime semi-parlementaire dont s’est doté le pays, inquiète les élus du Bardo, directement visés. Par conséquent, une bataille pourrait s’engager entre Kaïs Saïed et ce Parlement, actuellement sous la coupe du parti Ennahdha, épaulé par Qalb Tounès et El Karama. Mais, en tant que spécialiste en droit constitutionnel, le chef de l’Etat tunisien ne s’aventure pas en terrain inconnu.
« Il se prend pour le père de l’interprétation du Droit et de la Constitution »
Le député d’Ennahdha, Saïd Ferjani, a déjà annoncé le ton. Dans un post Facebook publié lundi 11 mai 2020, il a accusé le président de la République tunisienne d’inciter à l’anarchie et de dépasser ses prérogatives. Qualifiant le discours de Kaïs Saïed de « populiste », il a rappelé que celui-ci avait un avis contraire sur la question du nomadisme politique avant son élection comme président de la République. En outre, le député d’Ennahdha estime qu’« Il se prend pour le père de l’interprétation du Droit et de la Constitution. C’est dangereux (…) s’il veut changer des choses qu’il le fasse dans les règles ».
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