Burkina Faso : la scolarisation des filles, l’affaire de Res Publica

Pour lutter contre les mariages forcés, deux Lyonnais Françoise et Jean-Claude Perrin ont créé Res Publica, une association française qui a mis en place un plan de scolarisation des filles au Burkina Faso.

 

Au Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres de la planète, une ONG lutte pour la parité dans les écoles, depuis le début des années 2000. Près de 20 ans après l’implantation de Res Publica, les mentalités ont considérablement évolué sur la scolarisation des jeunes filles, rapporte Le Monde.

Au Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres de la planète, plus de 60 % de la population est analphabète et 40 % vit sous le seuil de pauvreté. Dans un tel contexte, « Les parents préfèrent investir dans l’éducation des garçons, car la fille est considérée comme une “étrangère” qui devra partir vivre dans une autre famille et s’occuper des tâches ménagères », explique Naaba Karfo, roi et chef coutumier de Nanoro, commune de la région Centre-Ouest, au Burkina Faso. « Chaque année, on perd des écolières, mariées de force puis rapidement enceintes », regrette ppur sa part l’inspecteur de l’enseignement de la commune, Seydou Yameogo.

16 nouveaux établissements de la maternelle au lycée

Le Burkina affiche le cinquième taux le plus élevé au monde pour les mariages d’enfants, avec une fillette sur deux mariée avant ses 18 ans et une sur dix avant ses 15 ans. Pour lutter contre cette injustice, deux Lyonnais Françoise et Jean-Claude Perrin ont créé Res Publica, une association française qui a mis en place un plan de scolarisation des filles au Burkina Faso. En une vingtaine d’années, l’ONG a réussi le pari de multiplier par cinq l’effectif des filles dans la centaine de structures construites, dans trois provinces du pays.

Dans la localité qui regroupe 14 villages, il n’y avait qu’une dizaine d’écoles primaires et un seul collège public, ce qui obligeait les élèves à parcourir plusieurs kilomètres à pied, exposant ainsi les fillettes aux agressions ou aux viols. Aujourd’hui, Res Publica a construit 16 nouveaux établissements – de la maternelle au lycée – avec trois internats féminins. L’ONG a aussi mis des infrastructures à la disposition du ministère de l’éducation burkinabé, qui y nomme des enseignants. L’association prend en outre  en charge les frais de scolarité des enfants des familles les plus démunies et a surtout ouvert des cantines avec des repas préparés par les familles du village. Car ventre affamé n’a point d’oreilles.

« La parité est assurée entre filles et garçons »

Avec le temps et le travail de Res Publica les mentalités et la situation ont beaucoup changé. « La parité est assurée entre filles et garçons », se réjouit Jean-Claude Perrin. Selon les données de l’association, les résultats scolaires de la zone ont progressé de 30 % depuis son intervention.

A Nanoro C, l’un des établissements primaires construit en 2004 par l’association, le corps enseignant veille au respect de la parité au sein des classes et des travaux de groupe. Habibata Zela Sanogo, l’une des institutrices, invite aussi régulièrement d’anciennes élèves devenues pompier ou médecin pour montrer aux filles que « c’est possible ! » d’y arriver si on le souhaite. Les enseignants se déplacent dans les villages pour convaincre les derniers parents « récalcitrants ».

Des cours d’alphabétisation aux femmes

Parallèlement, l’ONG dispense des cours d’alphabétisation aux femmes à de Nanoro. « Beaucoup de mères sont analphabètes. Ces cours les aident à développer leur activité et à s’impliquer dans le suivi des devoirs de leurs enfants », raconte Marie-Jeanne Kafando, une cultivatrice qui complète ses revenus en donnant des cours d’alphabétisation à un groupement de femmes de la commune. Elle a pu elle-même payer ainsi les études de ses deux filles : « Maintenant, je gagne plus que mon mari. C’est moi qui l’aide ! », confie-t-elle avec fierté.


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