Kenya : la communauté LGBTQ se mobilise après le meurtre d’un de ses membres

Dans les rues de Nairobi au Kenya.
Image par Nina Stock de Pixabay

 

Au Kenya, la communauté LGBTQ sonne la mobilisation depuis le meurtre du jeune designer Edwin Chiloba, le mercredi 4 janvier près de la ville d’Eldoret. Elle dénonce la discrimination et la violence dont elle est victime dans ce pays conservateur d’Afrique de l’Est.

Au Kenya, un éminent militant LGBTQ du nom d’Edwin Chiloba a été tué le mercredi le 4 janvier près de la ville d’Eldoret, dans la vallée du Rift. Son corps a été retrouvé dans une malle sur le bas-côté d’une route par un conducteur de moto-taxis. La boîte métallique aurait été jetée là par un véhicule sans plaque d’immatriculation. Des sources policières évoquent des marques de strangulation et de tortures. La police kényane a ouvert une enquête pour connaitre les causes du décès de ce créateur de mode de 25 ans.

Des soupçons portés sur l’amant de la victime

Cinq suspects ont déjà été arrêtés, dont Jacktone Odhiambo, un photographe indépendant, présenté comme l’amant et l’assassin du designer. Les quatre autres personnes sont soupçonnées de l’avoir aidé à se débarrasser du corps. Un tribunal kényan a ordonné lundi le maintien en détention pendant trois semaines de ces individus. Il a prévu une nouvelle audience le 31 janvier prochain. D’ici là, la police doit soumettre la malle à un examen médico-légal. Elle examinera aussi les images de vidéosurveillance d’un club où Chiloba et Jacktone Odhiambo avaient été aperçus en train de faire la fête, avant le meurtre.

Un être humain extraordinaire, audacieux et passionné 

D’après ses proches, Edwin Chiloba s’était installé à Eldoret en 2019 pour continuer ses études de design. Becky Mududa, qui gère un collectif local féministe LGBTQ, affirme qu’« il était particulièrement actif ces dernières semaines » et « utilisait la mode pour déconstruire le genre et promouvoir les droits de [leur] communauté marginalisée ». Son amie Njeri Wa Migwi, fondatrice de l’association Usikimye, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles, le décrit comme « un être humain extraordinaire, audacieux, passionné » et à l’« énergie immaculée ».

Protestation de la communauté LGBT+

Quant à sa sœur, Melvin Faith, elle prie pour que justice soit faite. « Je demande au gouvernement d’enquêter sur cette affaire. C’était un garçon avec des rêves », a-t-elle déclaré. Depuis plusieurs jours, les membres de la communauté LGBT et les militants des droits de l’homme condamnent fermement l’assassinat d’Edwin Chiloba. Pour eux, il urge que le gouvernement mette fin aux meurtres de personnes pour leur orientation sexuelle. « Nous sommes des Kényans et nous n’allons pas rester les bras croisés et écouter que l’on nous tue comme des chiens à chaque fois et encore. Nous avons besoin de justice malgré notre orientation sexuelle car nous sommes des êtres humains », proteste Felix Kasanda, militant LGBTQ et ami de la victime.

Le mariage homosexuel interdit par la Constitution

Au Kenya, les personnes LGBTQ ne sont pas protégées par la loi. Celle-ci considère la sodomie et les pratiques sexuelles entre personnes de même sexe comme des crimes passibles de 5 à 14 ans d’emprisonnement. Elle interdit également, formellement, le mariage homosexuel depuis 2010. Ainsi, la Constitution s’aligne sur les croyances d’une société majoritairement chrétienne et conservatrice. Dans ce contexte, les Kenyans peuvent faire subir en toute impunité des discriminations et des violences aux personnes s’adonnant à l’homosexualité. Leur arme favorite reste le viol correctif suivi de meurtre.  Cette punition a été infligée en mai 2022 à une jeune femme du nom de Sheila Lumumba, 25 ans. Elle a été violée et rouée de coups de couteau jusqu’à la mort.


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