Sénégal : le F24 et la rue font reculer Macky Sall

DFID - Département britannique pour le développement international, CC BY 2.0 , via Wikimedia Commons

Le président sénégalais Macky Sall a renoncé mardi à une troisième candidature à la magistrature suprême de son pays. Selon l’opposition, il n’avait pas le choix face à la pression populaire impulsée par la coalition F24.

Ce fut un grand soulagement ! Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall a annoncé, le mardi 4 juillet 2023, qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle de 2024. « Contrairement aux rumeurs qui m’attribuaient une nouvelle ambition présidentielle, je voudrais dire que j’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété ici et ailleurs, c’est-à-dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat », a-t-il déclaré dans une allocution. Il assure avoir « un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique » qui lui commandent de préserver sa dignité et sa parole.

Un retrait sous la pression populaire

Pourtant, le président sénégalais avait engagé un bras de fer avec ses adversaires ces derniers. En juin, il avait même réprimé plusieurs manifestations de l’opposition. Aussi, n’a-t-il pas hésité à manipuler la justice pour évincer de la course à la présidentielle le leader de la jeunesse Ousmane Sonko, actuellement assigné à résidence. Ainsi, s’il se désiste aujourd’hui, c’est sûrement sous la pression population. Celle-ci a été impulsée par le F24, une coalition hétéroclite d’opposants, d’indépendants, de membres de la société civile et de syndicats.

Macky Sall empruntait le chemin d’Alassane Ouattara

Lancée en avril dernier et dirigée par le syndicaliste Mamadou Mbodj, le F24 est une organisation citoyenne inscrite dans les pas du M5 au Mali et du M23 au Sénégal. Ce dernier mouvement avait vu le jour en 2011 pour lutter contre le 3e mandat d’Abdoulaye Wade. Le F24, lui, s’oppose au 3e ticket présidentiel de Macky Sall, qui semblait adopter l’approche de son homologue ivoirien Alassane Ouattara. A savoir annoncer d’abord qu’on ne se représentera pas, puis revenir sur sa décision avec un prétexte farfelu. Le président sénégalais n’a pas eu le courage d’aller au bout de la méthode face à la détermination du peuple sénégalais.

Une victoire, mais le chantier démocratique encore important

Craignant une fourberie de dernière minute, le F24 appelle les citoyens sénégalais à la vigilance. Il prévient qu’il pèsera de tout son poids pour que Macky Sall respecte intégralement sa parole. Par ailleurs, l’organisation citoyenne attend de Macky Sall un changement d’approche dans sa gouvernance. Notamment par la libération des prisonniers politiques et la suppression des artifices juridico-politiques entravant l’éligibilité de certains candidats. Ou encore par la levée du blocus du domicile d’Ousmane Sonko et la mise en place d’une commission d’enquête indépendante afin d’établir les responsabilités dans les meurtres de juin 2023.

La présidentielle de 2024 très ouverte

Surtout, le F24 exige l’organisation d’une élection présidentielle inclusive, transparente et apaisée en 2024. Selon son vice-coordinateur, Aliou Sané, « la réalisation de ces points restants constituerait une avancée majeure dans l’évolution » de la démocratie au Sénégal et éviterait un « conflit artificiel entretenu par des tentatives de sélection de candidats voire de manipulation des élections ». Le mouvement n’a pas encore dit s’il présenterait un candidat en 2024. Mais le retrait effectif de Macky Sall donnerait lieu à une présidentielle très ouverte. Ousmane Sonko se positionne déjà comme le favori de cette électiion. Mais l’opposition compte des poids lourds qui pourraient créer la surprise. A l’instar de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et l’ex premier ministre Idrissa Seck, arrivé deuxième au scrutin de 2019.


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