Les start-up africaines tirent la langue

L’année 2024 a été marquée, pour la deuxième fois consécutive, d’un tarissement des financements pour les jeunes entreprises du continent.

L’Afrique depuis longtemps vantée comme une terre d’opportunités économiques, peine pourtant à susciter l’intérêt des investisseurs. Le constat est on ne peut plus criant dans le domaine très florissant de la tech qui vient de traverser une véritable période de vache maigre.

Les chiffres publiés le 23 janvier par le fonds Partech Africa et dont Le Monde a pris connaissance, évoquent seulement 3,2 milliards de dollars de fonds levés au cours des 12 derniers mois. Soit une baisse de 7% par rapport à 2023, qui avait déjà vu les investissements chuter de 46%.

Le cas d’Edem Adjamagbo raconté par Le Monde, illustre parfaitement cette réalité dommageable pour la créativité africaine. Ce fondateur togolais de Semoa, une fintech rentable présente dans cinq pays d’Afrique francophone, a contacté pas moins de 122 investisseurs potentiels pour sa levée de fonds.

Résultat : 89 silences radio, 23 refus, et un unique retour positif, laissant sa société encore loin de son objectif de 2 millions d’euros.

Un environnement toujours plus contraignant

« Il manque encore 1,6 million d’euros. Si on n’arrive pas à les trouver, on va croître moins vite et ne pas pouvoir ouvrir dans de nouveaux pays », s’alarme le jeune patron d’entreprise.

Si le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Kenya sont réputés plus séduisant pour les investisseurs étrangers avec une concentration de 67 % du total des investissements suscités en 2024, ce club communément appelé « Big Four » dans le jargon, n’est pas épargné par la rareté des levées de fonds.

« Il y a eu beaucoup de casse ces derniers mois. Des sociétés ont dû réduire drastiquement la voilure, restructurer leur dette », relève dans les colonnes du Monde, le Sénégalais Tidjane Dème, cogérant de Partech Africa, soulignant des opérations de plus en plus longues de levées de fonds et un capital toujours plus cher.

L’optimisme comme rempart ?

« La question est de savoir si c’est l’Afrique qui ne sait pas attirer les investissements ou les investisseurs qui ne savent pas voir les opportunités », s’interroge, toujours auprès du Monde, Max Cuvellier Giacomelli, cofondateur d’Africa : The Big Deal.

Cette situation contraste fortement avec les années glorieuses 2021-2022 où « un tour de table pouvait être bouclé en quatorze jours seulement », d’après Bernard Ghartey, directeur des investissements du fonds Norrsken22, consacré à la « tech » africaine.

« C’est dur, mais c’est aussi un bon exercice pédagogique », ajoute Tidjane Dème. « La trajectoire est quand même positive quand on regarde sur le plus long terme », veut croire Bernard Ghartey, évoquant le potentiel de la tech africaine.


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