Gambie : Jammeh de retour ?

L’ancien chef de l’État en exil à Malabo annonce son retour prochain dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.

Yaya Jammeh a décidé de se rappeler au bon souvenir de ses compatriotes en ce début d’année 2025. Dans un message audio largement partagé sur les réseaux sociaux jeudi 23 janvier et dont l’AFP a obtenu l’authentification, l’ancien président gambien dit son intention de revenir, sans que l’on sache exactement où.

« Que cela plaise ou pas, par la grâce d’Allah, je reviens », a déclaré celui qui vit en exil en Guinée équatoriale depuis janvier 2017 et sa perte du pouvoir un mois plus tôt. « J’ai décidé aujourd’hui de reprendre la tête de mon parti et de ne plus la confier à personne« , ajoute-t-il encore à l’en droit de ses partisans de l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotiques (APCR).

Il s’agit du parti fondé par ses soins en 1996, deux ans après son accession à la présidence gambienne, et grâce auquel il a dirigé le pays de main de maître jusqu’en 2017. Un départ contraint du pouvoir suite à son refus de concéder la défaite à la présidentielle face à son opposant d’alors Adama Barrow.

Une ombre persistante

Depuis, son remplaçant à la tête de l’organisation, le secrétaire général Fabakary Tombong Jatta, a conclu une alliance avec le Parti national des Peuples (NPP) du président Adama Barrow, d’après une annonce faite en août 2024, quelques mois seulement avant la réélection de Barrow.

De quoi susciter l’ire des associations de défense des droits de l’Homme, qui ont qualifié cette alliance de trahison de la part du président. D’autant que Fabakary Tombong Jatta a également indiqué dans la foulée que l’objectif de l’APCR « est que l’ancien président Jammeh revienne dans ce pays de manière pacifique et dans la dignité ».

Pour cause, de nombreux observateurs ont pu interpréter cela comme un des points de l’accord avec le régime au pouvoir. Car si Yaya Jammeh n’a jamais vraiment quitté la scène politique gambienne depuis son exil forcé en Guinée équatoriale, négocié sous la pression de la CEDEAO, l’hypothèse de son retour s’apparente à sujet tabou.

Un avenir judiciaire en suspens

En décembre dernier, la communauté ouest-africaine a donné son feu vert à la création d’un tribunal spécial destiné à juger les crimes commis pendant son règne. Il compte parmi une liste de 70 personnes identifiées par une commission d’enquête mise en place à cet effet.

Parmi les atrocités imputées à ces gens, figurent l’exécution de 240 à 250 personnes par des agents de l’État, des disparitions forcées, des viols, des actes de torture, des détentions arbitraires et même l’administration contrainte d’un faux traitement contre le sida.

Reste que la perspective d’un éventuel procès de Jammeh relève pour l’heure de l’aléatoire à cause de certaines contraintes, à la fois institutionnelles et financières.


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*