Le tourisme rwandais en péril ?

Le pays est-africain est en proie à une intense campagne internationale contre ses intérêts à cause de son implication présumée dans le conflit en République démocratique du Congo voisine.

« Si je dois choisir entre faire face à une menace existentielle et être confronté à des sanctions, je prendrai les armes pour affronter la menace existentielle, sans tenir compte des sanctions ».

Le 12 février dernier, dans une interview accordée à Jeune Afrique, Paul Kagme s’élevait contre les « menaces et intimidations » agitées contre lui par certains pays étrangers, citant la Belgique ou encore l’Allemagne. En cause, le soutien présumé du Rwanda au M23, le groupe rebelle en guerre contre les autorités congolaises.

Une accusation maintes fois rejetée par l’État d’Afrique de l’Est, même si le président rwandais avoue avoir de la sympathie pour ces rebelles. Un groupe représentant d’une population qu’il décrit comme « persécutée, déplacée, tuée ».

De quoi accréditer la thèse de son soutien armé au M23 et ainsi accroître son isolement international ? Cette perspective est en tout cas une réalité malgré les dénégations de Kagame.

Un intense lobbying anti-Rwanda

À cette effet, le Royaume-Uni a cette semaine, emboîté le pas à la Belgique en suspendant son aide au Rwanda. Parallèlement, les États-Unis via le Départment du Trésor, ont sanctionné James Kabarebe, actuel ministre de la Coopération régionale.

Ce proche collaborateur de Kagame est notamment accusé « d’assurer la liaison entre le gouvernement rwandais et les rebelles ». Il s’agit-là d’une manifestation supplémentaire du lobbying anti-Rwanda en cours à l’international depuis l’intensification des combats à l’Est de la RDC.

Une situation marquée par des avancées notables du M23 désormais au contrôle des villes stratégiques comme Goma et Bukavu. De quoi remettre en cause l’image d’un Rwanda qui a fait du soft-power un de ses plus grands atouts, après l’épisode tragique du génocide de 1994 ?

Selon plusieurs experts en marketing sportif interrogés par le site d’information Semafor, la capacité du pays à conclure de nouveaux accords avec des fédérations sportives mondiales est désormais menacée.

L’objectif du Grand Prix voué à l’échec ?

C’est d’autant plus vrai que la RDC a exhorté plusieurs équipes européennes de football, dont Arsenal, le Bayern Munich ou encore le Paris Saint-Germain à rompre leur partenariat avec Visit Rwanda, une initiative visant à promouvoir le Rwanda comme une destination touristique de choix.

Un enjeu financier important, car le tourisme a généré 636 millions de dollars en 2023 au Rwanda. Soit une augmentation de 36% par rapport à l’année précédente, d’après des chiffres cités par Semafor.

Chris Miles, fondateur de Starting Grid, estime que « pour des marques mondiales comme la F1 qui envisagent d’organiser un Grand Prix à Kigali, le risque l’emporte largement sur les avantages potentiels ».


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