Le putschiste du 30 août 2023 est désormais candidat à la présidentielle du mois prochain, contre sa promesse précédente de rendre le pouvoir aux civils après la Transition.
C’est la fin du faux suspense. Après moult tergiversations, Brice Clotaire Oligui Nguema a finalement déclaré sa candidature à l’élection présidentielle du 12 avril, cette semaine devant ses partisans. Une décision qui répondrait aux « nombreux appels » de ces derniers, selon les termes du dirigeant gabonais de la transition.
« Ma vision est celle d’un Gabon qui renaît de ses cendres… Cette vision n’est pas un rêve, et si c’est un rêve pour vous nous allons le réaliser, elle est notre responsabilité commune », a déclaré l’homme du coup d’État du 30 août 2023, tombeur d’Ali Bongo Ondimba, l’ancien chef de l’État, le 3 mars.
Si le timing de cette annonce peut paraître surprenant – la date limite du dépôt des candidatures est fixée au 8 mars –, la décision elle-même n’est qu’une confirmation des intentions présidentielles longtemps prêtées au général putschiste.
Les observateurs avisés de la scène politique gabonaise ont pu ainsi noter comment l’ancien patron de la Garde républicaine s’est employé, tout au long des 18 derniers mois, à se tailler un costume d’homme d’État.
Une mue savamment orchestrée
La métamorphose s’est opérée à travers une série de positionnements stratégiques et d’actes symboliques, dont le premier signe visible concerne le changement d’apparence. Très rapidement après la prise du pouvoir celui qui ne quittait jamais son treillis a rapidement troqué celui-ci pour le costume-cravate.
Notamment lors de ses déplacements à l’étranger. Son discours a également évolué, mêlant fermeté militaire et populisme assumé, comme le relève Jeune Afrique (JA) dans une analyse consacrée à l’homme.
« Aujourd’hui vous n’avez qu’un seul chef et le chef c’est moi. Et quand j’ordonne, on applique, » déclarait-il quelques semaines seulement après sa prise de pouvoir. Conscient que sa légitimité internationale était fragile après un coup d’État, il a méthodiquement tissé des alliances avec les figures tutélaires de la sous-région.
Un scénario déjà vu et revu
« À quelques exceptions près, Brice Clotaire Oligui Nguema est parvenu à tisser des liens assez forts avec l’ensemble des chefs d’État du continent. L’un des derniers à ne pas l’avoir reçu, c’est le président Lourenço (de l’Angola) », décrypte Jeanne Le Bihan de JA.
Au-delà de la scène politique, Oligui Nguema maintient une emprise solide sur l’appareil militaire, tout en évitant les erreurs de son prédécesseur. S’il a nommé un chef par intérim à la tête de la garde républicaine, il en reste le commandant en chef, symbole de son autorité incontestée.
Surtout, l’ancien aide de camp d’Omar Bongo Ondimba s’est assuré d’être le seul responsable de la Transition à même de se porter candidat à travers une charte que certains pourraient qualifier de tailler sur mesure.
Finalement, le schéma suit le même que celui tracé par nombre d’anciens militaires putschistes devenus hommes d’État en Afrique, en contradiction aux promesses de retour dans les casernes.
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