Mali : les propositions d’Aliou Diallo commencent à faire consensus

Aliou Diallo

Les dirigeants de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont présenté mercredi un plan de sortie de crise, qui reprend pratiquement toutes les propositions d’Aliou Boubacar Diallo, le leader d’ADP-Maliba. Le député de Kayes avait notamment préconisé le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) et la reprise partielle des élections législatives.

Le 18 juin 2020, alors que les manifestations du M5-RFP contre le chef de l’État malien s’intensifiaient, Aliou Boubacar Diallo avait fait une série de propositions au perchoir de l’Assemblée nationale pour une sortie de crise au Mali. Le député de Kayes et président du groupe parlementaire « Benso » avait recommandé le maintien au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita légalement élu, la démission de la présidente de la Cour constitutionnelle Manassa Danioko, la reprise partielle des élections législatives et la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Cinq chefs d’Etat dans les pas d’Aliou Diallo

Un mois plus tard (19 juillet 2020), une mission de médiation de la CEDEAO conduite par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan a pratiquement repris les solutions d’Aliou Diallo. La délégation ouest africaine a notamment demandé la nomination « de toute urgence d’un gouvernement d’union nationale, sur la base du consensus » et la mise en place d’une nouvelle Cour constitutionnelle chargée d’examiner en priorité le litige électoral sur les résultats des législatives de mars-avril. Même émises par une organisation sous-régionale, les recommandations d’Aliou Diallo n’ont pas trouvé grâce aux yeux du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). La coalition anti-IBK a jugé qu’elles « ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées » par elle et « portées par l’écrasante majorité du peuple malien ».

Cette semaine, c’était au tour des dirigeants de la CEDEAO d’essuyer un échec à l’issue d’une ultime tentative de médiation. En effet, lors d’un sommet virtuel, le lundi 27 juillet, cinq chefs d’État de la CEDEAO (le Nigérian Muhammadu Buhari, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, le Sénégalais Macky Sall et le Nigérien Mahamadou Issoufou) ont établi un plan de sortie de crise immédiatement rejeté par la contestation et des élus. Ce plan recommande la démission des 31 députés dont l’élection a été contestée et l’organisation de nouveaux scrutins partiels, la formation d’un gouvernement d’union nationale et l’ouverture d’une enquête sur les morts survenues lors de manifestations contre le pouvoir les 10 et 11 juillet.

« Il faut des aménagements politiques plutôt que de chercher à tout détruire »

Si les tentatives de négociation n’ont pas abouti pour l’instant, malgré le régime de sanctions prévu par les dirigeants de la CEDEAO, il faut souligner que les solutions d’Aliou Diallo commencent à faire consensus. Le fondateur d’ADP-Maliba a présenté une position d’équilibre à laquelle adhère d’ailleurs la population, seule vraie victime de cette instabilité politique. Un habitant de Kayes estimait à juste propos, lors d’une Assemblée générale d’ADP-Maliba le 28 juin dernier, que « dans cette  crise, Il faut des aménagements politiques plutôt que de chercher à tout détruire ». Si les protagonistes ne font pas des concessions, Aliou Boubacar Diallo craint que la crise malienne ne se résolve jamais.


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