Cameroun : l’Eglise veut faciliter le dialogue entre gouvernement et séparatistes

Une croix au sommet d'une église à Marzano di Nola, Italie.

 

Déjà très impliquée lors de la tenue des assises du Grand dialogue national, l’Église catholique s’active à nouveau pour faciliter le dialogue entre les séparatistes anglophones et le gouvernement de Yaoundé. Une rencontre a eu lieu dans ce sens début juillet, dans la capitale camerounaise.

L’espoir renaît au Cameroun. Déjà très impliquée lors de la tenue des assises du Grand dialogue national, il y a dix mois, l’Église catholique s’active à nouveau pour la résolution du conflit camerounais. Début juillet, elle a organisé au centre épiscopal de Mvolyé, à Yaoundé, une rencontre entre les séparatistes anglophones et le gouvernement national. Pour l’occasion, Julius Ayuk Tabé, le président autoproclamé de l’Ambazonie et quelques-uns de ses partisans ont pu sortir de leurs cellules pour entamer des discussions avec les émissaires de Paul Biya. Entre eux, un facilitateur de poids : Monseigneur Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda, capitale des régions anglophones.

L’Eglise catholique, un interlocuteur crédible

À l’issue de la rencontre, Mgr Andrew Nkea a révélé que les discussions ont eu lieu dans une atmosphère cordiale et franche, grâce à la confiance qu’inspire l’Eglise catholique. « L’Église n’est pas protagoniste mais œuvre constamment dans les coulisses. Depuis très longtemps, nous sommes opérationnels, à tous les niveaux, pour favoriser le dialogue », explique l’Archevêque, pour qui la neutralité bienveillante toujours prônée par l’Église en fait une médiatrice crédible pour les parties en conflit.

Trois conditions posées par les séparatistes

Mgr Andrew Nkea a précisé que les représentants de la rébellion ont posé trois conditions à l’établissement d’un possible cessez-le-feu : le départ des militaires camerounais des régions anglophones et le transfert du maintien de l’ordre à la police locale ; la libération de tous les prisonniers liés au conflit ; la proclamation d’une amnistie pour l’ensemble des séparatistes en exil. « Je crois que le gouvernement prend sérieusement en considération les propositions notamment parce qu’il s’est rendu compte que le seul recours à la force ne résoudra jamais la question », a-t-il analysé.

L’Archevêque a poursuivi : « Naturellement, ils ne peuvent fournir un calendrier précis, mais les séparatistes se sont déclarés prêts à tout moment et ils attendent donc un signe du gouvernement ». Ce dernier était représenté par l’un des responsables de la sécurité nationale, en lien étroit avec le Premier Ministre, Joseph Ngute.

Un conflit ayant déjà causé plus de 3 000 morts

L’Ambazonie renvoie à une région qui prend son nom de la baie Ambas du fleuve Mungo qui, à l’époque coloniale, marquait la frontière entre le Cameroun français et le Cameroun anglais. En 2017, des séparatistes ont proclamé la zone république indépendante et depuis lors, des affrontements très graves s’y succèdent, faisant plus de 3 000 morts et des centaines de milliers de déplacés.

 


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