L’institution de Bretton Woods envisage de lever le gel de ses prêts au pays est-africain en contrepartie de la garantie de l’inclusion des personnes LGBTQ dans les projets financés par les fonds.
La Banque mondiale va-t-elle lever le gel de ses financements en Ouganda ? Difficile de répondre à l’heure actuelle. Une chose est revanche certaine : l’institution présidée par Ajay Banga songe à cette éventualité. Elle est même en négociations avec les autorités ougandaises dans ce cadre.
Selon un document consulté par Bloomberg, la Banque basée à Washington travaille à une mise à jour de son projet de prêt au pays afin d’y « intégrer des mesures additionnelles visant à garantir l’inclusion et la non-discrimination des groupes et individus vulnérables et défavorisés ».
Cela suppose la mise en place d’un ensemble de mesures visant à garantir que les membres de la communauté LGBTQ puissent bénéficier équitablement des projets financés par l’institution. Une démarche présentée comme condition sine qua non à la reprise du financement.
Une rupture nette et inédite
Les projets en question avaient été gelés en août 2023 par la Banque mondiale, en représailles à la promulgation d’une nouvelle loi renforçant la répression de l’homosexualité.
Le texte objet de plusieurs condamnations à l’international, dont celle du président américain Joe Biden, avait en effet fait des relations entre personnes de même sexe, un crime passible d’emprisonnement à perpétuité.
La décision de la Banque mondiale de geler ses financements, une première dans le cadre d’une mesure de rétorsion à une législation anti-LGBTQ, avait suscité l’ire du chef de l’État ougandais, l’inusable Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986.
« Il est regrettable que la Banque mondiale et d’autres tentent de faire pression pour que nous abandonnions notre foi, notre culture, nos principes et notre souveraineté, en utilisant l’argent« , avait-il écrit sur X, en août 2023, tout en promettant de maintenir le dialogue avec la Banque.
Une initiative à double-tranchant
Consciente des effets délétères de ce manque de financement, la Banque mondiale tente désormais d’esquisser un compromis avec Kampala. Au grand dam des organisations de la société civile.
Une centaine d’entre elles ont ainsi exprimé, dans une lettre adressée le 16 septembre 2024, à Ajay Banga, leurs profondes inquiétudes quant à l’efficacité et à la pertinence des mesures d’atténuation attendues par la Banque de la part des autorités ougandaises.
Elles se montrent dubitatives quant au respect d’un tel engagement par un État qui a d’ores déjà témoigné de sa propension à « discriminer » les personnes homosexuelles.
Le défi consiste désormais pour la Banque mondiale à élaborer des mécanismes de contrôle et de suivi rigoureux, impliquant des acteurs indépendants, afin de s’assurer que les mesures d’atténuation ne restent pas lettre morte.
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