Choguel Maïga, le Premier ministre qui accompagnait depuis 2021, le pouvoir militaire dirigé par le colonel Assimi Goïta, a été débarqué après une sortie critique contre le régime putschiste.
Le pouvoir malien de transition se mord-elle la queue ? Alors que l’idée d’une élection présidentielle fortement attendue par la classe politique et la communauté internationale se précise pour l’année prochaine, des divergences apparaissent au grand jour au sommet de l’État.
Choguel Kokalla Maïga, un des meneurs de la fronde à l’origine du coup d’État contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta en 2021, a été relevé de ses fonctions, le 20 novembre dernier, après trois ans à la primature.
Une décision qui n’aura sans doute pas surpris grand-monde, y compris l’intéressé même. Il était en effet dans le collimateur de la junte dirigeante depuis sa sortie fielleuse quatre jours plus tôt, aux allures de requiem de son mandat de chef du gouvernement, selon de nombreux observateurs.
« Peut-on imaginer ça ? J’ai appris dans les médias que la transition était reportée alors que j’avais moi-même signé les décrets [concernant sa date de fin] », avait notamment lancé l’ancien proche de Moussa Traoré, dans un monologue qui n’aura pas épargné les militaires au pouvoir.
De la caution civile au paria politique
Il a ainsi fustigé sa mise à l’écart, évoqué l’impérieux besoin de clarification politique au Mali [et d’une] réorientation de la transition », avant de parler du « spectre de la confusion et de l’amalgame » qui planerait sur le pays.
Des propos qui ont dû faire siffler les oreilles du président de la transition. Contrairement à ce dernier, ses proches ont très vite fait savoir leur colère, qualifiant Choguel de traître et de délateur. « Carton rouge pour Choguel Kokalla Maïga. Premier ministre, Premier ennemi », pouvait-on lire des banderoles des manifestants exigeants son remplacement, à Bamako.
Une des principales figures civiles du pouvoir militaire, Choguel Maïga a longtemps joué les équilibristes, acceptant de servir de caution politique à une junte particulièrement décriée à l’international. Mais sa position s’est progressivement fragilisée au fil du temps.
Vers une bataille à la présidentielle ?
Jeune Afrique (JA) indique ainsi qu’il était de plus en plus relégué au rang de faire-valoir, notamment depuis son rétablissement de l’AVC qui a failli le terrasser fin 2022. Cette chute spectaculaire intervient dans un contexte particulier, alors que des rumeurs d’élections prochaines circulent au Mali.
Certains y voient un calcul politique de la part de Choguel Maïga. En se posant en critique du régime militaire qu’il a pourtant contribué à installer, l’homme de 66 ans tenterait de se positionner comme une alternative crédible pour l’après-transition.
Une question demeure cependant : face à un pouvoir militaire réfractaire aux voix dissonantes, sera-t-il en mesure de prendre part à cette échéance ?
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