IDH : un monde de plus en plus inégalitaire et polarisé

Photo de Nupo Deyon Daniel sur Unsplash

Dans son dernier rapport sur l’indice de développement humain (IDH), le PNUD alerte sur un monde de plus en plus inégalitaire et polarisé. L’organisme spécialisé des Nations Unies constate que les pays riches ont atteint un record, tandis que la moitié des pays les plus pauvres ont régressé. Cette tendance pourrait faciliter l’émergence du populisme et le recul de la démocratie.

Selon le Rapport sur le développement humain 2023-24 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’indice de développement humain (IDH) atteint un nouveau sommet dans les pays riches, tandis qu’il décline dans la moitié des pays les plus pauvres du monde. Ceux-ci restent en dessous de leurs niveaux d’avant la crise de COVID. Pour rappel, l’IDH est un ensemble de statistiques mesurant des facteurs clés tels que le revenu par habitant, le niveau d’éducation et l’espérance de vie.

La Suisse, la Norvège et l’Islande en tête de l’IDH

En 2023, les 38 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), reconnus comme les plus riches, ont tous enregistré un IDH plus élevé qu’en 2019. Dans le haut du classement on retrouve la Suisse, la Norvège, l’Islande, Hong Kong, le Danemark, la Suède, l’Allemagne, l’Irlande, Singapour, l’Australie et les Pays-Bas. Les États-Unis occupent la 20e place, à ex aequo avec le Luxembourg.

Les pays africains aux dernières places de l’IDH

Dans le bas du classement, végètent la Sierra Leone, le Burkina Faso, le Yémen, le Burundi, le Mali, le Tchad, le Niger, la République centrafricaine, le Sud-Soudan et la Somalie. Il s’agit pour l’essentiel de pays africains, à l’exception du Yémen. La plupart connaissent des conflits armés ou une instabilité politique depuis plusieurs années. Selon Achim Steiner, directeur du PNUD, les dynamiques inverses entre pays pauvres et pays riches constitue « un signal d’alarme très fort ».

Vers plus de vulnérabilité et plus de misère

En effet, cette tendance indique clairement que les nations sont en train de s’éloigner les unes des autres. Nous courrons vers un monde bipolaire, un monde de riches contre un autre pour les pauvres. Le développement se déroule ainsi de manière très inégale et partiellement incomplète, selon M. Steiner. Le dirigeant redoute maintenant que cette situation ne créé plus de vulnérabilité, plus de misère et des inégalités croissantes.

Une dangereuse polarisation politique

Par ailleurs, Achim Steiner met en garde contre cette inégalité dans le monde. Elle pourrait déboucher, selon lui, sur une polarisation politique, qui va à son tour alimenter les tendances au repli identitaire. Cette évolution en vase close saperait la coopération mondiale, dont nous avons fortement besoin pour résoudre les problèmes urgents. Principalement la décarbonisation de nos économies, les conflits armés et l’utilisation inappropriée des nouvelles technologies comme celle de l’intelligence artificielle.

Un PIB plus faible dans les pays aux gouvernements populistes

Achim Steiner constate en outre que l’essor du protectionnisme s’effectue de concert avec l’émergence du populisme anti-élite et hostile à la coopération internationale. On devrait donc voir de plus en plus de dirigeants démagogues, aux discours politiques radicalisés. Ce qui constitue un danger pour le développement des sociétés. En effet, selon des études citées par le PNUD, les pays ayant des gouvernements populistes affichent des taux de croissance du PIB plus faibles que les autres pays. Aussi, le PIB par habitant est inférieur de 10 % après quinze ans de pouvoir.

Un paradoxe démocratique décelé par le PNUD

Par ailleurs, le rapport du PNUD relève un « paradoxe démocratique ». Alors que neuf personnes sur dix dans le monde adhèrent à la démocratie, plus de la moitié des personnes interrogées expriment leur soutien à des dirigeants autocrates qui risquent de faire reculer ce système de gouvernance. Ces personnes expliquent avoir peu d’influence sur les décisions de leur gouvernement et déclarent n’avoir aucun ou peu de contrôle sur leur vie.

Adopter les bonnes approches pour améliorer l’IDH

Face à ce tableau noir, M. Steiner appelle les nations du monde à unir leurs forces pour se concentrer sur les principales menaces du XXIe siècle, comme le réchauffement climatique. Il appelle à investir massivement dans les biens publics mondiaux qui profitent à tous, et dans les technologies pouvant réduire les inégalités. Le directeur du PNUD recommande aussi d’améliorer le système financier mondial au profit des pays à faible revenu. En adoptant ces mesures, il croit que « nous avons une chance de sortir de l’impasse actuelle et de raviver notre engagement en faveur d’un avenir commun ».


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