Malakoff Humanis fait du ménage dans son portefeuille

Signature de contrats au bureau.
Image par aymane jdidi de Pixabay

 

Confronté à un marché structurellement déficitaire, Malakoff Humanis décide de changer sa stratégie de pilotage des régimes de branches en France. Le groupe prévoit d’augmenter progressivement les chargements dans les trois prochaines années. En cas de désaccord avec les partenaires sociaux, il n’hésiterait pas à poursuivre la résiliation de contrats.

Le système de recommandation a touché son plafond

Malakoff Humanis, numéro 1 de l’assurance santé collective et de la prévoyance collective en France avec 17% du marché, a annoncé mardi une nouvelle stratégie de pilotage des régimes de branches. Objectif : faire face à la dégradation continue des activités. Christophe Scherrer, directeur général délégué de la mutuelle, a fait part d’un déficit des comptes en raison de problèmes structurels. Il pointe principalement le système de recommandation, qui aurait atteint ses limites.

Cette forme de contractualisation, qui a succédé aux désignations, ne serait pas adapté dans le contexte actuel de sinistralité. Elle introduirait les mauvais risques dans la mutualisation, au détriment des organismes assureurs. Depuis la mise en place de ce mécanisme, Malakoff Humanis s’est retrouvé de plus en plus recommandé. Il est désormais présent dans quelque 160 branches, contre 96 auparavant. Cette situation a eu des effets sur les coûts de distribution et de gestion.

Les coûts de chargements passent de 10% à 20%

Aujourd’hui, les coûts de chargements, qui comprennent aussi les frais d’assurance, sont passés au cours des dernières années de 10 à 20% chez Malakoff Humanis. Or cette augmentation n’a pas fait l’objet de renégociation avec les partenaires sociaux des différentes branches. Le groupe voit donc ses frais réels doubler par rapport aux chargements. Ce qui créé un déficit pour l’assureur, alors que les partenaires sociaux sont à l’équilibre au niveau de leur régime santé/prévoyance. Ils peuvent entrer ou sortir des recommandations suivant leurs sinistralités et les tarifs proposés.

Pour remédier à cette activité déficitaire, Malakoff Humanis a entrepris au printemps dernier d’entamer plusieurs actions sur les branches afin de ramener les coûts de fonctionnements à 16% d’ici 2026. Pour y arriver, la mutuelle compte agir en particulier sur ses postes gestion et distribution. Elle va notamment industrialiser un certain nombre de process en interne. Elle prévoit par exemple de digitaliser le parcours de vente pour une expérience client renforcée, de procéder à l’affiliation automatique et de mettre en place une gestion des arrêts en « full digital ».

Résiliation de plusieurs accords de branches

En plus d’abaisser ses coûts de fonctionnement, Malakoff Humanis entend augmenter les chargements pour les branches dans les trois prochaines années. Ces chargements vont progressivement passer de 10% à 16%, en moyenne par portefeuille. Un tel lissage permettrait aux partenaires sociaux d’absorber plus facilement les hausses et de ne pas s’exposer à une détérioration des ratios techniques. Malakoff Humanis a initié une campagne d’explication de ses décisions.

L’assureur avertit cependant qu’il pourrait avoir recours à de nouvelles résiliations de contrats en cas de refus d’éventuelles augmentations de tarifs. Il a déjà résilié des accords de branche en santé et prévoyance de plusieurs secteurs à l’été dernier. Notamment la branche de l’aide à domicile (BAD), des établissements pour accueil d’adultes et enfants handicapés (branche CNN 66), de l’enseignement privé catholique et des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Malakoff n’a cependant pas mis fin aux discussions avec ses partenaires sociaux.


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