Bénin : l’opposition à nouveau exclue des législatives ?

La commission électorale a invalidé, mercredi 16 novembre, le dossier de candidature du parti d’opposition au régime de Patrice Talon pour la prochaine élection des députés au Bénin. Le scénario rappelle celui de 2019, à moins que la Haute juridiction ne donne une issue favorable au recours formulé par les intéressés.

La Commission électorale nationale autonome (Céna) a rejeté le dossier de candidature du parti Les Démocrates pour le renouvellement de l’Assemblée nationale prévue le 8 janvier prochain. En cause, le caractère jugé incomplet de quatre dossiers parmi les 109 en lice, à en croire la structure en charge des élections.

Celle-ci reproche aux concernés d’avoir échoué à fournir leur quitus fiscal, document attestant de la situation d’un citoyen vis-à-vis du fisc, conformément à la loi électorale. Le quitus fiscal permet notamment de savoir si le candidat s’est acquitté de ses impôts.

Manœuvres et suspicions

Ce manquement de quelques candidats sur les 109 en lice sur l’étendue du territoire national, invalide de fait l’ensemble des dossiers de candidature du parti d’opposition comprenant entre autres l’ancien chef de l’État Boni Yayi.

Les Démocrates se dégagent de toute responsabilité dans cette situation, reprochant à l’administration fiscale d’avoir traîné les pas avant de leur notifier ses observations. Une manœuvre destinée selon eux, à les écarter de la course au parlement. Ils demandent par ailleurs à la Céna de les autoriser à remplacer les dossiers invalidés par ceux d’autres prétendants en règle. En vain.

D’où le recours formulé à l’endroit de la Cour constitutionnelle afin de forcer la main à la Commission électorale. Cette juridiction devrait statuer sur la question au plus tard vendredi 18 novembre, après son audience de la veille.

Mauvais précédent

La décision de la Cour est très attendue, mais personne ou presque au Bénin ne se fait d’illusion à son propos. Peu s’attendent en effet à voir la Haute juridiction désavouer la Céna en donnant gain de cause aux Démocrates.

Et pour cause, la Cour constitutionnelle est soupçonnée de rouler pour le pouvoir, au même titre que l’organe chargé de l’organisation des élections. Une situation symptomatique du contexte politique béninois marqué depuis l’avènement du régime de Patrice Talon en 2016, marqué par une mise au pas de toutes les institutions du pays.

De quoi faire accuser Talon dont les principaux opposants sont soit en prison soit en fuite hors du pays, de saper la compétition électorale. D’autant que ce serait la deuxième que l’opposition se voit écarter des législatives après l’épisode de 2019.


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