Sénégal : grosse défaite du pouvoir aux locales

La coalition derrière le président Macky Sall enregistre une contre-performance aux élections communales du dimanche dernier. Le désaveu est terrible pour la majorité en perspective des législatives.

Lendemain d’élection difficile pour Macky Sall et ses ministres engagés dans la bataille des locales. Le scrutin finalement organisé dimanche 23 janvier, après de multiples reports, s’est soldé par une cuisante défaite pour le camp du président sénégalais, à en croire les premiers chiffres sortis des urnes.

Ils témoignent de l’incapacité de Benno Bokk Yaakar (BBY), coalition politique majoritaire dans le pays, à s’imposer notamment dans les grandes agglomérations. À commencer par la capitale, Dakar, reconquise par l’opposition à travers l’autre grand regroupement Yewwi Askan Wi (YAW). Ce dernier s’empare également d’autres villes d’envergure à l’instar de Guédiawaye, Pikine, Thiès, Diourbel, Rufisque et Ziguinchor. Cette région du sud du Sénégal étant désormais aux mains d’Ousmane Sonko, le plus virulent opposant au régime de Macky Sall.

Déculottée

La mouvance a beau jeu de revendiquer très vite la victoire dans la majorité des départements et des capitales régionales (39 sur 43 et 10 sur 14 respectivement, selon elle). Mais une telle posture ressemble davantage à du déni qu’à autre chose. D’autant que sa liste a en général, été plébiscitée seulement dans des régions à faible densité comme Fatick, Matam, Saint-Louis, Kolda et autre Sédhiou.

Le constat à l’analyse des résultats provisoires issus de ces élections est sans équivoque. Il révèle une opposition plus que jamais ragaillardie face à une majorité présidentielle désormais en nette régression par rapport aux échéances passées. C’est d’autant plus vrai que de nombreux ministres et du gouvernement et proches du président en lice ont enregistré des déculottées. Abdou Karim Fofana du Pan émergent, Amadou Hott de l’Économie, Aminata Assome Diatta du Commerce, Oumar Guèye des Collectivités territoriales, ont ainsi été tous battus. Même le frère cadet du président, Aliou Sall, a mordu la poussière dans sa localité de Guédiawaye face à animateur radio.

Changement de cap ?

De telles déconvenues, survenues dix mois après le soulèvement populaire de mars, appellent de la part des autorités au pouvoir un changement de cap dans la façon de gouverner. Il reste à voir si Macky Sall et sa cour sauront actionner les leviers nécessaires. Le président y a plutôt intérêt étant donné que les législatives arrivent dans quelques mois seulement. Mais il peut d’ores et déjà enterrer ses rêves présumés de troisième mandat en 2024.


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