Le pays d’Afrique de l’Est est agité par un coup d’État depuis 24 heures. Le rêve de démocratie nourrie sur place par l’évincement d’Omar el-Béchir il y a un peu plus de deux ans s’étiole.
Assisterait-on à la mort (programmée ?) du bicéphalisme à la tête du Soudan ? Il faut croire que oui, au regard des événements en cours dans le pays depuis lundi 25 octobre. Le général Abdel Fattah al-Burhan soutenu par une frange importante de l’armée a en effet décidé de dissoudre la transition dans le pays en faisant arrêter le Premier ministre Abdallah Hamdok ainsi que tous les membres de son cabinet civil.
Ce dernier dirigeait le pays depuis avril 2019 et la chute de l’ancien président Omar el-Béchir provoquée par la rue, via un Conseil militaro-civil. Une sorte de partage du pouvoir destinée à mener le Soudan vers la démocratie avec l’organisation de la présidentielle en 2023.
Agenda incompatible
Il semble que toutes les parties prenantes ne partagent pas cet agenda soutenu par la communauté internationale. Surtout les militaires dont une frange non-négligeable reste inféodée au régime dictatorial de Béchir. En témoignent les frictions régulièrement évoquées ces dernières semaines, entre d’une part, le clan civil incarné par Abdallah Hamdok et l’armée d’autre part.
Après une première tentative infructueuse le 21 septembre, cette dernière a donc décidé de passer à nouveau à l’action lundi 25 octobre. La télévision nationale a ainsi été mise sous les ordres des militaires et plusieurs membres du gouvernement sont détenus. Burhan actuellement seul maître à bord, clame son souhait de voir la transition aller à son terme. Reste à savoir dans quelles circonstances.
Bas de fer
En attendant, la situation sur place reste extrêmement tendue, d’autant que des informations provenant de Khartoum font état d’au moins trois morts et 80 blessés. À l’origine de ce bilan aléatoire, la confrontation entre les putschistes et une partie de la population soudanaise foncièrement opposée à ce coup de force, symbole selon nombre d’observateurs, du retour en arrière d’un pays en manque de tout et sous férule dictatoriale quasiment depuis son indépendance. Pour beaucoup de Soudanais, les trois décennies d’Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes contre l’humanité, représentent un cauchemar.
Pour les partenaires internationaux aussi. Ils ont notamment multiplié les appels au retour à l’ordre civil ces dernières heures. 700 millions de dollars d’aides américaines ont par ailleurs été suspendus par Washington. Le sort de la jeune démocratie soudanaise semble désormais se jouer sur un front à trois entre : les civils, les militaires et la communauté internationale.
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