Côte d’Ivoire : Gbagbo de retour et tout est pardonné ?

L’ancien président acquitté par la CPI devrait prochainement rentrer en Côte d’Ivoire avec l’aval des autorités qui l’ont livré à la justice internationale dix ans plus tôt. Fini les vieilles rancœurs ?

Sauf changement de dernière minute, Laurent Gbagbo devrait faire son retour en Côte d’Ivoire le 17 juin prochain à la faveur d’un programme dévoilé par son parti, le FPI, avec l’onction du gouvernement. L’ancien président retrouvera ainsi sa terre natale dix ans après l’avoir quittée au lendemain de la crise post-électorale de 2011. Ses partisans s’apprêtent à l’accueillir triomphalement, tant le septuagénaire demeure populaire auprès des siens et plus largement au sein de l’opinion. L’heure est donc aux préparatifs d’accueil du leader historique du FPI à la fois chez ses sympathisants, mais également chez le gouvernement décidé à éviter à tout prix éviter les débordements le jour J.

Des plaies non-cicatrisées

Mais dans le rang des victimes de l’ancien régime, le cœur n’est pas à la joie. Surtout chez les rescapés de cette crise post-électorale pour laquelle Gbagbo avait été envoyé par l’État ivoirien à la CPI. À l’image de Mathurin Kouassi, quinquagénaire habitant le célèbre quartier d’Abobo, ils sont aujourd’hui nombreux à avoir souffert de ce conflit né du refus de l’ancien pouvoir de reconnaître sa défaite à la présidentielle. La rébellion qui en a éclaté a provoqué au moins 3 000 morts en l’espace de cinq mois. Des victimes imputées aux combats ayant opposé le camp de l’actuel président Alassane Ouattara et celui de son adversaire, Laurent Gbagbo. Les deux personnalités en conflit hier semblent désormais dans une démarche de rabibochage enrobée sous le terme de la réconciliation. Depuis la réélection contestée d’Alassane Ouattara, tout est mis en œuvre dans ce sens. Un ministère chargé de la réconciliation a même été créé et confié à l’ancien opposant Kouadio Konan Bertin.

Réconciliation vraiment ?

Les opposants d’hier répètent à l’envi qu’il faut pardonner afin de sceller la réconciliation. Mais comment pardonner sans justice ? La question taraude les esprits de ceux qui ont tant souffert de cette crise. Les nombreuses instructions judiciaires du régime de Ouattara pour tenter de situer les responsabilités ont pour la plupart fait pschitt. Les lois d’amnistie successives proclamées n’ont non plus rien arrangé au désir de vérité des victimes et leurs proches. Aujourd’hui encore, plusieurs personnes mises en cause se retrouvent dans les cercles du pouvoir. Autant de raisons qui font dire à de nombreux observateurs que la réconciliation tant chantée tel un mantra par les uns et les autres, risque de demeurer lettre morte.


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