Assimi Goïta, nouvel homme fort du Mali

L’ancien des forces spéciales est désormais pour la communauté internationale, le principal interlocuteur malien. Un tour de force réussi au prix de deux coups d’État en neuf mois.

Il aime cacher son visage derrière son éternel masque kaki. On pourrait désormais en dire autant de son jeu qu’il aura bien dissimulé. En moins d’un an, le colonel Assimi Goïta, 38 ans, est passé de quasi-inconnu du grand public au président de la République du Mali. Au grand dam des partenaires internationaux du pays, impuissants et obligés d’avaliser la prise du pouvoir armée de cet ancien commandant du bataillon des forces armées spéciales. Un coup bien préparé par ce trentenaire réputé taiseux. Car autant la rue confortée par l’immobilisme de l’État, a favorisé le coup de force fatal à IBK en août 2020, autant la récente mise au pas de la transition aura été savamment orchestrée de main de maître par Goïta et les siens.

Perte perte d’influence

Et pour cause, le colonel à la tête de la junte militaire née de la chute d’IBK craignait ces derniers mois de perdre en influence dans le nouvel appareil d’État. D’autant qu’il avait été contraint par la communauté internationale de céder le gouvernail de la transition politique à un régime civil. D’où l’installation de Bah Ndaw comme président et de Moctar Ouane en qualité de Premier ministre. Le gouvernement concocté par ce duo devait conduire les destinées du Mali pendant 18 mois au maximum, avant l’organisation d’une présidentielle. Ces derniers ont-ils péché par orgueil ? Difficile d’en avoir une idée claire. Toujours est-il que l’équipe gouvernementale publiée le 24 mai dernier après des semaines de tractations n’a pas satisfait les militaires putschistes, au premier chef Assimi Goïta. S’en est suivie l’arrestation manu militari de Bah Ndaw et Moctar Ouane. À leur encontre, de nombreux griefs dont celui d’avoir éjecté du nouveau gouvernement deux proches du patron de la junte.

La communauté internationale prise de court

Les cris d’orfraie de la communauté internationale n’y feront rien. Le président et son Premier ministre de transition sont démis de leur fonction. Le colonel Assimi Goïta est déclaré chef de l’État par la Cour constitutionnelle du pays. Un enchaînement des événements destinés vraisemblablement à couper l’herbe sous le pied des interlocuteurs étrangers du Mali. À Accra lors du sommet spécial consacré à son pays, le nouveau président malien se voit adoubé à mots couverts. Ses pairs de même que les États-Unis et la France se contentant d’exiger un gouvernement civil et le respect de la durée de la transition.


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