Niger : Mahamadou Issoufou, l’éclaircie dans la grisaille démocratique en Afrique de l’Ouest

Le président nigérien sortant est lauréat du prix Mo Ibrahim pour la gouvernance en Afrique. Dans une région du continent en proie à la tentation du troisième mandat, cette récompense constitue un brin d’espoir pour les défenseurs de la démocratie.

C’est une petite révolution. Le prestigieux prix Mo Ibrahim a un nouveau lauréat. Une première depuis l’édition 2017 qui avait sacré l’ancienne présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf. Mahamadou Issoufou est récompensé cette année pour sa gouvernance exceptionnelle à la tête du Niger. Et pour la circonstance, le comité chargé de décerner la récompense ne manque de superlatif à l’endroit de son nouveau lauréat, distingué pour avoir manœuvré dix ans durant, son pays et ses nombreux défis. Il faut dire que le Niger réputé parmi les plus pauvres au monde doit faire face à un double enjeu économique et sécuritaire. Sur ce dernier plan, le défi est d’autant plus grand que le pays est entouré de voisins en proie aux menaces jihadistes. L’incapacité à enrayer cette menace fait d’ailleurs partie des regrets exprimés par Issoufou au terme de sa présidence.

Malgré cela, le sexagénaire peut s’enorgueillir d’être le premier président nigérien démocratiquement élu à avoir pacifiquement passé le relais depuis l’accession du pays à la souveraineté internationale en 1960. Pour un pays qui n’avait jusque-là connu que des transitions de pouvoir par coup d’État, cela n’est pas à négliger. Cette performance à jamais entrée dans l’histoire tranche par ailleurs avec les choix observés en Afrique de l’Ouest ces derniers temps.

Un pied de nez à ses pairs

Fort de sa majorité au parlement, Mahamadou Issoufou aurait bien pu faire changer la Constitution de son pays afin de s’offrir la possibilité de rallonger son bail à la tête de l’État. Les exemples en la matière ne manquent pas. La région ouest-africaine longtemps saluée pour sa relative stabilité politique est depuis quelque temps sous la menace du virus du troisième mandat présidentiel. C’est le cas notamment en Guinée où le régime d’Alpha Condé a semé des morts sur son passage pour se maintenir au pouvoir. Pareil en Côte d’Ivoire où le chef de l’État sortant a rempilé après avoir pourtant déclaré qu’il passerait le témoin à une nouvelle génération au terme de ses deux mandats.

Mahamadou Issoufou qui ne cache pas sa fierté est désormais inscrit aux côtés de cinq autres lauréats du prix Mo Ibrahim créé en 2007. Mieux, il représente le premier ex-président d’Afrique francophone à être distingué.


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