Caricature : l’Humanité a tout intérêt à retrouver une cohabitation pacifique

« Notre monde est en péril. Le cercle vicieux de la violence et de la haine doit être brisé au plus vite », c’est avec ces mots qu’Aliou Diallo commence une tribune sur les réseaux sociaux. Dans celle-ci, le leader politique malien appelle à l’organisation d’une conférence internationale sur le vivre-ensemble religieux, alors que le récent attentat de Conflans a réactivé le « cercle vicieux de la violence et de la haine ».

Dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux, le mardi 3 octobre 2020, Aliou Diallo, troisième de l’élection présidentielle de 2018, invite les dirigeants du monde à se « réunir pour définir ensemble un cadre de coexistence pacifique et amicale entre les cultures et les confessions » afin d’éviter le cercle vicieux de la violence et de la haine dans lequel se trouve l’Humanité.

Cet appel intervient près de trois semaines après l’attentat terroriste de Conflans, en France. Samuel Paty, un professeur d’histoire et géographie a été décapité par un jeune Tchétchène pour avoir montré à ses élèves des caricatures du Prophète Mahomet, réalisées par Charlie Hebdo.

Aux lendemains de ce meurtre, le président Emmanuel Macron avait promis que la France ne renoncerait pas à la caricature au nom de la liberté d’expression. Une déclaration qui a provoqué l’ire de nombreux pays musulmans et le boycott des produits français.

Face à cette montée des tensions, Aliou Diallo invite à la retenue de part et d’autre. Pour lui, il faut d’abord éviter de faire l’amalgame entre islam et terrorisme et de proférer des injures à tous les fidèles de cette religion à cause de quelques individus.

 « Toute liberté, elle s’arrête où commence celle d’autrui »

Bien-sûr, il condamne « les attentats terroristes de ces derniers jours », mais estime que ces derniers « montrent la portée universelle et la gravité que peut avoir à notre époque tout acte que chacun pose, serait-ce une image, un mot ». « Chacun sait que pour les musulmans du monde entier y compris les plus modérés, les caricatures du Prophète ont été une atteinte profonde à ce qu’ils ont de plus sacré », écrit-il.

Aussi, le natif de Kayes rappelle que « toute liberté s’arrête où commence celle d’autrui », même si elle « est un droit inaliénable ». « Elle a des devoirs comme elle a des droits. La liberté n’est rien sans responsabilité, sans respect », insiste Aliou Diallo. D’ailleurs, les autres ont aussi la liberté de culte et le droit au respect de leur religion.

Il y a donc « Deux libertés brandies pour l’affrontement : liberté d’expression contre liberté de culte. Le choc des deux est extrême et redoutable. Il mène à une escalade, un engrenage d’atrocité et de vengeance de plus en plus difficile à stopper. Que ne ressurgisse pas un passé inhumain pas si lointain ! », poursuit le leader politique malien.

Définir ce qui est acceptable par tous dans le respect des libertés et de la religion d’autrui

Nous sommes donc dans une logique de confrontation entre deux perceptions qui campent sur leurs positions sans laisser place ni à l’écoute ni au dialogue. « Si on veut éviter le pire, il est urgent que du monde entier, de toutes origines, toutes cultures, et de toutes religions, des représentants acceptent de se retrouver pour une conférence internationale sur le vivre-ensemble. Que chacun ait sa voix et puisse s’exprimer. Pour renouer avec le dialogue, amorcer la conciliation. Pour faire valoir les points communs plutôt que les divergences. Pour déterminer comment la liberté des uns peut s’exprimer sans porter atteinte à la dignité et à l’honneur de l’Autre », lance Aliou Diallo.

L’homme politique malien appelle concrètement les chefs d’Etat du monde entier à organiser des discussions avec les « principales figures religieuses de toutes confessions, pour crever l’abcès des non-dits et créer les conditions du vivre-ensemble. « Nous devons définir ce qui est acceptable par tous dans le respect de la liberté d’expression et du droit au respect de la religion d’autrui. Pour mettre un terme aux tueries et aux représailles, aux provocations et aux insultes qui n’apportent que division et haine », préconise Aliou Diallo.


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