Cameroun : de nombreuses exactions signalées dans les régions anglophones

Des soldats africains, au cours d'une patrouille.

 

Amnesty international a révélé cette semaine que les zones anglophones du Cameroun (le nord-ouest et le sud-ouest) font face à une « flambée de violence » à l’approche des élections municipales et législatives de dimanche. Les séparatistes armés continuent de se livrer à des enlèvements et à des homicides. Tandis que l’armée a incendié des dizaines de maisons et commis des exactions.

À deux jours des élections législatives et municipales au Cameroun, tous les yeux sont braqués sur les deux régions anglophones confrontées selon Amnesty international à une « flambée de violence » à l’approche du scrutin.

L’organisation humanitaire rapporte que ces dernières semaines, l’armée du Cameroun a perpetré de nombreuses violences. Elle a notamment incendié une cinquantaine de maisons à Babubock et brûlé des villages dans les environs de Bangem. Elle a également commis des dizaines d’homicides et contraint des milliers de personnes à quitter plusieurs zones des régions anglophones. Fabien Offner, responsable à l’ONG, rappelle que les autorités avaient affiché leur détermination à sécuriser le territoire à l’approche du scrutin de dimanche.

Les humanitaires, persona non grata du 6 au 11 février

Amnesty international précise que les séparatistes armés continuent aussi de perpétrer des crimes graves, notamment des homicides, des enlèvements et des extorsions. Et ce depuis leur annonce, le 23 décembre 2019, appelant à s’opposer par tous moyens à l’organisation des élections dans les régions anglophones. Le 15 janvier, des séparatistes ont tué un jeune homme et blessé son père près de Bamenda, dans la région du Nord-Ouest, alors qu’ils tentaient d’éviter les postes de contrôle tenus par eux. Le 30 janvier, un groupe séparatiste a enlevé quatre employés d’une organisation humanitaire, accusés de travailler pour le gouvernement. Ils les a relâchés le lendemain, après que trois d’entre eux ont subi des coups et des tortures psychologiques, indique Amnesty international.

En outre, les séparatistes armés ont demandé aux employés humanitaires de cesser leurs activités durant l’opération « villes mortes » qu’ils ont ordonnée dans les régions anglophones du 6 au 11 février 2020. Seuls les services de santé d’urgence peuvent poursuivre leurs activités durant cette période.

Plus de 679 000 personnes déplacées au Cameroun

« Dans les destructions dans le nord-ouest, il n’y a pas que les militaires qui étaient impliqués, il y a avait aussi apparemment des civils qui se sont armés en auto-défense contre des groupes séparatistes », revèle Fabien Offner.

Seule la partie sud du pays, sous contrôle gouvernemental, échappe pour l’instant aux violences. Mais les candidats du RDPC, parti au pouvoir, battent campagne sous fortes escortes militaires.

Les violences ont occasionné, à ce jour, plus de 679 000 personnes déplacées au Cameroun et 52 000 personnes réfugiées au Nigeria. Cependant, le ministre camerounais de l’Administration territoriale a nié l’existence d’une crise et affirmé en décembre 2019 que 152 000 personnes seulement avaient fui les régions anglophones.


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