Le chef du Kremlin peut compter sur une opinion publique extrêmement favorable sur le continent africain dans sa guerre contre l’Ukraine et toute la communauté internationale accessoirement.
L’issue du vote de la résolution de l’ONU contre l’invasion de l’Ukraine, le 2 mars dernier, n’en était qu’une manifestation : la Russie bénéficie d’une certaine bienveillance en Afrique. Entre abstention et vote défavorable, le continent africain avait fini ce jour-là, de témoigner de son adhésion aux actions de Moscou chez son voisin de l’Est. Au grand dam des États-Unis et des pays occidentaux manifestement pris de court par la popularité dont jouit aujourd’hui l’ancien membre de l’ex-URSS dans une région dont il s’est pourtant longtemps détourné.
Car si elle y a soutenu, durant la guerre froide, des mouvements de libération – cas de l’ANC en Afrique du Sud et du Frelimo au Mozambique –, le continent africain n’a pas d’intérêt spécifique pour la Russie. Du moins jusqu’à une certaine période où le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, a compris que cette région pouvait l’aider dans ses visées expansionnistes. Surtout que tout semble bon à prendre pour lui, si cela contribue à contrarier l’Occident.
Positionnement stratégique
De fait, Moscou travaille depuis plusieurs années à ripoliner son image en Afrique. En usant massivement de la désinformation à l’encontre des « méchants ex-colonisateurs » devenus au fil du temps, des néocoloniaux. Il faut dire que ces derniers n’arrangent pas non plus leurs affaires auprès des Africains. C’est le cas de la France par exemple, perçue aujourd’hui davantage comme prédatrice des ressources africaines que comme un partenaire viable.
À rebours de cette image entachée des pays occidentaux et des Américains, la Russie jouant sur la fibre nationaliste de plus en plus forte sur le continent, se pose en nation amie, soucieuse d’une coopération d’égal à égal, sans condescendance. Cela s’est traduit ces dernières années par la signature de divers accords militaires avec des pays comme le Mali, la Centrafrique, l’Érythrée ou encore l’Ouganda.
Propagande
Ce discours résolument trompeur donne lieu à une forte propagande en faveur de Moscou en Afrique. De Bamako à Bangui en passant par Asmara, le tapis rouge est donc déroulé pour l’envahisseur de l’Ukraine. La Russie n’a même plus besoin de se prononcer. Nombre de figures africaines dites de la décolonisation du continent, portent très bien sa voix, parfois à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Pour ces derniers, l’heure est venue de remplacer le colon français par le « père Noël » russe, oubliant que l’Afrique devrait d’abord compter sur ses propres capacités pour prospérer.
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