Le pays d’Afrique de l’est miné par un conflit interne, souhaite l’évincement du directeur de l’OMS, pourtant un de ses ressortissants. Ce dernier est notamment accusé de soutien actif à la partie combattant le gouvernement d’Addis-Abeba.
La lutte pour le contrôle de l’État fédéral opposant depuis bientôt deux ans l’Éthiopie et une partie de son territoire voit l’intervention à son corps défendant, d’un nouvel acteur. En l’occurrence l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ce dernier est en effet accusé par Addis-Abeba de prendre fait et cause pour le Tigré, la partie nord du pays en guerre avec l’autorité centrale sur fond de revendication sécessionniste depuis novembre 2020.
La salve du régime du président Abiy Ahmed est intervenue dans la soirée du jeudi 13 janvier, à travers un communiqué. On y lit que le patron de l’OMS, Tigréen et précédemment chef de la diplomatie éthiopienne, jouerait de sa fonction à la tête de l’organisme onusien pour soutenir le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), groupe de miliciens engagé dans les combats contre le pouvoir fédéral.
catastrophe humanitaire
Cette sortie du gouvernement éthiopien intervient quelques jours après l’énorme coup de gueule de Tedros Adhanom Ghebreyesus contre le blocus humanitaire en place au Tigré. Le conflit qui semble se dérouler dans une certaine indifférence de la communauté internationale a déjà fait plus de deux millions de déplacés et menace de famine plus de quatre millions d’autres. Or, les aides d’urgence ne parviennent pas à ceux qui en ont besoin en raison du refus des autorités éthiopiennes. Une situation inacceptable pour l’OMS.
Une prise de position aussi forte n’allait pas rester sans réaction de la part du régime d’Abiy Ahmed, manifestement décidé à « éradiquer » la menace TPLF. Et ce, quoi qu’il lui en coûte. L’État éthiopien qui a depuis retiré son soutien à Tedros Adhanom Ghebreyesus, demande aux États membres de l’OMS d’en faire de même. Il exhorte par ailleurs l’organisation à enquêter sur les agissements de son directeur, qualifiés d’ingérences dans les affaires souveraines de l’Éthiopie.
La réélection en ligne de mire
En ligne de mire, la remise en jeu prochaine du mandat de Tedros Adhanom Ghebreyesus. L’Éthiopie espère obtenir le ralliement de la communauté internationale contre son ancien ministre des Affaires étrangères, candidat à sa propre succession cette année. Reste que cela a très peu de chance de prospérer malgré les accusations d’inconduite sexuelle visant l’OMS en RDC et la gestion approximative des débuts du Covid par l’organisation.
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