Sénégal : les homosexuels au cœur d’une querelle politique

Un projet de loi visant à criminaliser l’homosexualité dans le pays vient d’être rejeté par une majoritaire parlementaire moins préoccupée par le sort de ces minorités sexuelles que par son désir d’en découdre avec l’opposition auteure du texte.

Les personnes LGBTQ+ l’ont échappé belle ce mercredi au Sénégal. Le bureau de l’Assemblée nationale a en effet retoqué la proposition de loi destinée à serrer l’étau autour de cette communauté dans le pays. Le texte à l’initiative de 11 députés, principalement de l’opposition, a été jugé irrecevable par l’institution parlementaire avant même qu’il soit soumis au vote, à travers un communiqué.

Il y est notamment affirmé que la position maintes fois répétée du Sénégal sur le sujet des minorités sexuelles est claire, sans équivoque et n’a aucunement besoin d’être matérialisée dans une nouvelle loi. Une allusion aux multiples fins de non-recevoir adressées par le président Macky Sall aux appels des partenaires occidentaux en vue d’un meilleur traitement pour les homosexuels, bisexuels et autres transgenres se trouvant dans le pays.

Une vie de terreur

L’homosexualité ou ce qui s’y apparente, assimilée par le législateur à un acte contre nature, est en effet punie de cinq ans de prison par la loi en vigueur. C’est cette peine que les promoteurs du nouveau projet de loi, soutenus par des associations religieuses dans ce Sénégal de 95% de musulmans, visaient à durcir en la portant à 10 ans.

Déjà contraints de se cacher, au risque d’être l’objet de lynchage, les LGBT+ auraient donc vus leur existence empirer à cause de cette proposition de loi. Il faut dire que le climat à Dakar est favorable à la répression de tout acte perçu comme déviant par l’opinion publique. L’écrivain Mohamed Mbougarr Sarr, a ainsi été pris à partie sur le web dans la foulée de son Prix Goncourt 2021, pour son avant-dernier livre, « De purs hommes », paru en 2018. Un manifeste sur le sort peu enviable des homosexuels.

Règlement de compte

C’est dire que la majorité parlementaire a sauvé la communauté d’une situation encore plus compliquée en rejetant le présent projet de loi. Il n’en demeure pas moins vrai que ses motivations sont essentiellement d’ordre politique. À quelques semaines des élections locales, elle se serait mal vue de contribuer au capital sympathie de l’opposition en avalisant cette criminalisation des homos. D’autant que le scrutin prévu le 23 janvier a quasiment valeur de référendum pour ou contre le chef de l’État.

Les LGBTQ+ du Sénégal peuvent donc souffler un ouf de soulagement. Mais certainement pas pour longtemps.


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