L’actuel président béninois et son prédécesseur se sont rencontrés mercredi 22 septembre à Cotonou afin d’apaiser le climat politique tendu depuis plusieurs années. Mais des craintes demeurent quant à l’effectivité de cette décrispation annoncée.
Est-ce la bonne cette fois ? C’est la question que se pose le microcosme politique béninois jeudi au lendemain de l’entrevue entre les deux hommes qui ont présidé aux destinées du Bénin ces dernières années. Thomas Boni Yayi a été l’hôte de son successeur à la présidence de la République. Une rencontre soldée par un tête-à-tête d’une heure entre les deux personnalités.
Au sortir de cet échange, l’ancien président a pris la parole, balayant toute mésentente entre lui et son principal adversaire politique depuis plusieurs années. Boni Yayi a invité notamment son successeur à œuvrer dans le sens de l’apaisement en faisant libérer tous les détenus politiques, à commencer par l’ancienne ministre Reckya Madougou et le professeur d’université Frédéric Joël Aïvo, candidats recalés à la dernière présidentielle et respectivement accusés de financement du terrorisme et d’atteinte à la sûreté de l’État. Le cas des adversaires de Patrice Talon en fuite hors du pays a également été évoqué par l’ancien chef de l’État tout souriant.
Le précédent de 2016
Mais derrière ce sourire sourd une inquiétude au Bénin : celle de revoir les deux hommes armes au point dans quelques mois et à nouveau engagés dans leur rivalité. Comme en 2016, au lendemain de l’accession de Talon à la magistrature suprême. Les deux présidents dont les tensions ont rythmé la vie politique béninoise ces dix dernières années avaient été réunis à Abidjan par l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Togolais Faure Éyadéma dans une tentative de réconciliation. Mais l’initiative fera long feu, rattrapée par les intrigues politiques, comme le redoutait Talon lui-même.
Les deux protagonistes se connaissent si bien qu’ils ont tendance à se rendre coup pour coup depuis l’éclatement de leur amitié en 2012. L’homme d’affaires Patrice Talon, artisan financier de la victoire de Boni Yayi aux présidentielles de 2006 et de 2011, avait été accusé par ce dernier de tentative d’empoisonnement et d’avoir voulu s’accaparer les ressources du pays. S’ensuivent trois ans de traversée du désert qui conduira le roi du coton à s’exiler en France. De retour au Bénin en 2014 après la grâce de l’ex-chef de l’État, il gagnera la présidentielle deux ans tard. Depuis, le contexte politique local est parasité par des crises cycliques entre les deux hommes, avec plusieurs morts enregistrés en 2019.
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