La justice mauritanienne a condamné huit hommes à deux ans de prison ferme pour «actes contraires à la morale», après la diffusion de la vidéo d’une soirée festive entre homosexuels. Human Rights Watch regrette cette sentence et réclame la « libération immédiate » des huit infortunés.
Quinze jours à peine après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant de jeunes gens réunis dans une fête entre amis présentée comme un mariage gay, le tribunal correctionnel de Nouakchott a condamné huit d’entre eux à deux ans de prison ferme. Le 30 janvier 2020, se déroulait leur procès en toute discrétion, a révélé à l’AFP leur avocat Mohamed Ould Obeid. « Les autorités mauritaniennes n’ont pas à envoyer un individu derrière les barreaux parce qu’il a assisté à une fête d’anniversaire paisible », a réagi dans un communiqué le directeur de la division LGBT à Human Rights Watch, Graeme Reid. Il a réclamé la « libération immédiate » des huit condamnés.
Le code pénal mauritanien repose sur la charia
La soirée, d’abord décrite par un site sénégalais comme un mariage homosexuel, était en réalité la « célébration de l’anniversaire d’un homosexuel à laquelle il n’avait invité que ses semblables », selon la police. Les images, devenues virales en Mauritanie et dans les pays voisins, montrent les jeunes gens danser entre eux. Une scène qui passe mal en Mauritanie, un Etat islamique.
Le code pénal mauritanien, fondé sur la charia, interdit les comportements homosexuels entre musulmans majeurs, qualifiés d’« actes contre-nature », et prévoit des sanctions allant jusqu’à la peine de mort s’il s’agit de deux hommes. « Mais personne n’a été condamné à mort ces dernières années pour homosexualité, à la connaissance de Human Rights Watch », souligne l’ONG.
Le statut des homosexuels en Mauritanie
La Mauritanie se montre plus tolérante que la plus part des pays musulmans sur cette question. Dans certaines circonstances, à l’instar des mariages ou fêtes traditionnelles, la société mauritanienne accepte la présence des personnes gay ou lesbiennes. Elle les considère alors comme les comédiens d’un spectacle. Dans la vie quotidienne, en revanche, les homosexuels sont tournés en dérision par l’opinion et se font très discrets. C’est le cas un peu partout en Afrique, un continent où 28 pays sur 49 disposent toujours de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, parfois punie de la peine de mort.
Deux autres personnes écopent de peine différente
Si huit personnes ont fait l’objet d’une condamnation de deux ans de prison ferme pour « actes contraire à la morale, « commission de faits interdits par Allah » et « publication d’une cérémonie de débauche », deux autres ont eu une sentence moindre. Une femme présente à l’anniversaire a écopé d’un an de prison avec sursis et le propriétaire du restaurant a été acquitté, a précisé leur avocat. Ce dernier dit avoir fait appel au nom de ses clients, qui avaient plaidé non coupable.
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