En Centrafrique, polémique sur l’état de santé du président

Absent du pays depuis le 21 juin, Faustin-Archange Touadéra aurait été évacué vers la Belgique pour des raisons médicales graves. Le pouvoir dément ces informations.

Quel est l’état de santé réel de Faustin-Archange Touadéra ? Cette question préoccupe sans doute tous les Centrafricains depuis plus d’une semaine, après la diffusion le 23 juin d’informations évoquant une hospitalisation d’urgence du président en Belgique.

« Il a été évacué à la hâte de Bangui », écrivait le site d’information Africa Intelligence, suscitant de nombreux commentaires. À tel point que le gouvernement a dû organiser une véritable communication de crise.

« Je tiens à vous rassurer parce que certaines personnes ont voulu faire des spéculations, des manipulations qui n’ont pas lieu d’être. Le président de la République est parti en mission au sommet de Gavi (l’Alliance du vaccin) à Bruxelles. (…) Et il est parti un peu tôt, parce que c’est aussi un humain, il est parti faire ce qu’on appelle un check-up, c’est-à-dire quelques examens de routine », a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, lors de sa conférence de presse hebdomadaire du 23 juin.

Un « sujet trop sensible » 

« Il y a eu beaucoup de spéculations sur l’état de santé du président, disant qu’il est gravement malade, ce qui est faux. Je l’ai eu au téléphone et je vous assure qu’il n’y a pas de souci », a ajouté le ministre.

Ces déclarations suffiront-elles à faire taire la machine à rumeurs ? La question reste ouverte, d’autant qu’une source décrite comme « très proche » du chef de l’État par Le Monde a simplement déclaré que « le président se porte mieux », selon une information diffusée le 24 juin.

Bien que Touadéra soit effectivement apparu le lendemain aux côtés de la Directrice générale de Gavi, Sania Nishtar, dans la capitale belge, il reste difficile de confirmer cette version officielle. Même les sources politiques consultées à Bangui par Le Monde font preuve de prudence, évoquant un sujet « trop sensible » pour être abordé publiquement.

Un contexte sociopolitique tendu

« Nous condamnons avec fermeté l’attitude du gouvernement qui consiste à ne pas dire la vérité sur la situation du président de la République. Son état de santé intéresse l’ensemble du peuple centrafricain et il est la clé de voûte du fonctionnement de l’État », a réagi auprès de  Jeune Afrique (JA), l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé.

Cette polémique intervient dans un contexte sociopolitique national tendu. Arrivé au pouvoir en 2016, le chef de l’État centrafricain vise un troisième mandat lors de la présidentielle prévue à la fin de l’année.

Au grand dam d’une opposition, dont les figures les plus importantes sont pour la plupart poussées vers l’exil. « Si Touadéra est candidat, c’est la fin pour nous. On ne peut pas tolérer cela ! », lançait un des manifestants contre l’initiative présidentielle avalisée par la modification constitutionnelle de 2023, dans les colonnes de JA.


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