
Le géant américain de la tech menace de quitter le pays ouest-africain en raison d’un conflit avec les autorités.
La centaine de millions d’utilisateurs de Facebook, Instagram (IG) et WhatsApp au Nigeria en sera-t-elle prochainement privée ? L’hypothèse n’est pas à écarter au regard de la position de Meta, l’entreprise américaine propriétaire de ces plateformes, dans le pays.
Le groupe californien a en effet récemment menacé de partir de cet État d’Afrique de l’Ouest. « Le demandeur (Meta) pourrait être contraint de fermer effectivement les services Facebook et Instagram au Nigeria », indique la société fondée par Mark Zuckerberg dans des documents judiciaires consultés par Jeune Afrique (JA).
Cette sortie intervient en réaction au conflit opposant les autorités nigérianes et la société technologique depuis plusieurs mois. Lequel litige a débouché sur l’imposition d’une amende totale de 290,3 millions de dollars à Meta.
Au cœur de ce bras de fer, figurent des accusations de violations des lois nigérianes sur la protection des données et les droits des consommateurs, de la part de plusieurs organes de ce pays manifestement engagé dans une offensive contre les géants américains de la tech.
Des demandes « irréalistes »
Selon la Federal Competition and Consumer Protection Commission (FCCPC), Meta aurait notamment « refusé aux Nigérians le contrôle de leurs données personnelles, partagé les données des utilisateurs sans consentement explicite, discriminé les utilisateurs nigérians par rapport à ceux d’autres régions et abusé de sa position dominante sur le marché ».
D’où une amende de 220 millions de dollars. À cela s’ajoutent deux autres pénalités financières provenant de la Nigerian Data Protection Commission (32,8 millions de dollars) pour des violations des lois sur la protection des données ; et du Advertising Regulatory Council of Nigeria (37,5 millions de dollars) pour des publicités non approuvées.
Des sanctions contestées par Meta. Surtout, le groupe de Zuckerberg juge irréaliste l’exigence de développer, en partenariat avec des organismes éducatifs et des ONG agréés, des contenus vidéo sur les risques liés au traitement des données pour les Nigérians non-utilisateurs, dont la collecte et l’exportation des données personnelles sont désormais considérées comme illégales par la Nigerian Data Protection Commission.
« Une manœuvre calculée ? »
« Menacer de quitter le Nigeria n’absout pas Meta des responsabilités découlant d’une procédure judiciaire« , indique dans un communiqué publié le 3 mai, Ondaje Ijagwu, Directeur des Affaires Corporatives de la FCCPC.
L’organe de régulation dénonce « une manœuvre calculée visant à susciter une réaction négative du public ».
« Comment concilier les questions de souveraineté numérique des pays aux frontières géographiques avec une technologie qui ne connaît pas de frontières ? Quel est le rôle des organismes internationaux comme l’agence des Nations Unies pour les technologies de l’information si les entreprises technologiques doivent encore se conformer pays par pays ? », se demande de son côté Rebecca Enonchong, une entrepreneuse camerounaise de la tech.
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