Le Togo bientôt membre de l’AES ?

Le pays pourrait rejoindre les rangs de ce rassemblement d’États putschistes en rupture de ban avec la communauté ouest-africaine, selon son chef de la diplomatie.

« C’est la décision du président de la République », pointe Robert Dussey, le ministre togolais des Affaires étrangères lorsqu’on lui demande, jeudi 16 janvier en marge d’un entretien sur la chaîne de télévision Voxafrica, si son pays se verrait bien au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Ce rassemblement comprenant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, tous actuellement dirigés par des militaires à la faveur de coups d’État, se distingue par son hostilité à la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qu’ils devraient d’ailleurs officiellement quitter le 29 janvier prochain.

En cause, la vassalisation alléguée de cette institution d’intégration régionale – pour l’heure la plus aboutie du continent – par la France, ancienne puissance coloniale depuis boutée dehors (au plan militaire du moins) par chacun de ces trois pays.

« Demandez aux populations togolaises si le Togo veut entrer dans l’AES, vous allez voir leur réponse, je vous dirais qu’elles vous diront oui », insiste le patron de la diplomatie togolaise, ajoutant qu’une telle éventualité n’était pas « impossible ».

Une démarche de pragmatisme ?

Une telle démarche relèverait du pragmatisme économique au regard de la position du Togo vis-à-vis des membres de l’AES, tous enclavés, mais disposant d’énormes ressources à exploiter (l’or, le pétrole entre autres). D’où l’impératif d’un accès à la façade maritime.

Le pays est en effet l’un des États côtiers les plus proches du Burkina, avec lequel il partage d’ailleurs des frontières terrestres. Autant dire, une proximité indirecte pour le Mali et le Niger, et une ouverture vers le port de Lomé dans la capitale togolaise, une des plus modernes infrastructures du genre dans cette région francophone ouest-africaine.

Une intégration du Togo dans l’Alliance offrirait par exemple au Niger, un choix de contournement du Bénin, l’autre pays côtier de la zone, avec lequel les relations ne sont pas au beau fixe. Mais une telle décision n’obéirait pas seulement à un agenda économique.

Des visées d’opportunisme politique ?

Cela pourrait être un moyen pour le Togo dirigé depuis 20 ans par Faure Gnassingbé, successeur de son feu père Gnassingbé Eyadema, de jouer la carte panafricaniste vis-à-vis de l’ancien colonisateur.

« Nos pères ont fait une partie de la lutte pour nous donner cette indépendance. Quel héritage laisserons-nous à nos enfants si, après 66 ans, nous continuons à être dominés ?« , se demande à cet effet Robert Dussey, dans le cadre d’une sortie qui semble donner le ton de la position togolaise sur la crise de confiance CEDEAO-AES.

« Nous soutenons le gouvernement malien parce que nous pensons que leur lutte est juste. Elle n’est pas seulement une lutte pour le Mali, mais pour tout le continent africain« , argue-t-il encore, ajoutant que le putschiste malien Assimi Goïta était « une chance » pour son pays.


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