Le pharaonique projet minier de plus de 20 milliards de dollars est enfin lancé, avec l’ambition d’influencer fortement l‘avenir économique du pays.
Trente ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que le projet Simandou passe du stade des promesses à celui de la réalisation. Mardi 11 novembre, la Guinée a célébré l’ouverture officielle de ce chantier minier d’envergure inédite, fruit de négociations interminables, de rebondissements diplomatiques et d’une succession d’obstacles techniques et financiers.
Le projet mobilise un investissement colossal de 23 milliards de dollars, financé par un consortium international réunissant des géants miniers australiens et chinois. L’illustration des espoirs qu’il cristallise.
Simandou intègre notamment 650 kilomètres de voie ferrée reliant le gisement aux côtes atlantiques, un port en eau profonde prêt à accueillir les plus grands cargos, ainsi qu’une unité de transformation pour valoriser le minerai localement.
Au-delà de cet axe stratégique, le chantier se démarque par la qualité rare de son fer, parmi les plus purs à l’échelle mondiale. Ce qui le rend particulièrement adapté à la fabrication d’acier premium, matériau fondamental de l’industrie contemporaine.
Un levier de transformation économique
On le retrouve ainsi dans les infrastructures, les chantiers de construction, le matériel ferroviaire, industrie automobile… Les débouchés se révèlent ainsi quasi infinis. Pour la Guinée, jusque-là deuxième producteur mondial de bauxite – la matière première permettant de fabriquer l’aluminium présent dans l’aéronautique, les batteries électriques ou les emballages –, Simandou présente l’opportunité d’ancrer une nouvelle filière minière dans son économie.
Les estimations font état d’une production de 120 millions de tonnes de fer par an, avec des réserves estimées à plus de 4 milliards de tonnes. Un véritable changement d’échelle pour ce pays d’Afrique de l’Ouest classé parmi l’un des plus pauvres du monde d’après l’indice de développement humain.
Selon certaines projections, la contribution du secteur minier au PIB national devrait passer de 2,2% à 3,4%, tandis que les revenus annuels générés pour l’État guinéen pourraient atteindre 1 milliard de dollars. Une précieuse manne pour un pays en manque de presque tout.
Des enjeux écologiques et institutionnels
Mais si la junte au pouvoir en Guinée – qui a fait de ce projet un argument électoral – assure que les revenus du projet seront investis dans divers secteurs pour stimuler le développement, l’histoire de ce pays gangrené par la corruption et le détournement des deniers publics, incite à une certaine prudence.
Les organisations environnementales expriment par ailleurs de vives inquiétudes concernant l’impact de l’exploitation minière sur la biodiversité de la région, qui abrite des écosystèmes fragiles et des espèces endémiques.
La construction du chemin de fer traversant 600 kilomètres de territoires variés soulève également des questions sur la fragmentation des habitats naturels et les perturbations des communautés locales.

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