
Gertrude Araba Esaaba Torkornoo devrait prochainement faire l’objet d’une enquête concernant des accusations de mauvaise conduite et d’abus de pouvoir, après avoir été suspendue de ses fonctions par le président de la République.
Le porte-parole du chef d’État ghanéen John Dramani Mahama a annoncé mardi 22 avril la suspension avec effet immédiat de la présidente de la Cour suprême Gertrude Araba Esaaba Torkornoo. Cette mesure exceptionnelle intervient après de multiples accusations formulées contre la magistrate.
À travers trois différentes pétitions, ses détracteurs demandent ni plus ni moins que sa destitution entre autres pour « mauvaise conduite et abus de pouvoir » d’après RFI. La presse ghanéenne évoque également des allégations de « malversations financières ».
À l’origine de ces accusations figure un groupe s’identifiant, selon les médias locaux, comme les « Étoiles brillantes du Ghana » et comprenant un officier supérieur de police ainsi qu’un citoyen lambda nommé Daniel Ofori.
« Après consultation du Conseil d’État, le président a déterminé qu’un dossier à première vue recevable a été établi », indique le communiqué d’annonce de la suspension de Gertrude Araba Esaaba Torkornoo. Laquelle devrait faire l’objet d’une enquête conduite par un comité à mettre en place à l’initiative du président.
Une décision présidentielle contestée
Au terme de cette procédure, John Dramani Mahama devra décider de la destitution ou pas de la concernée. Une éventualité qui fait d’ores et déjà parler au sein de l’opinion. En effet, si la Constitution ghanéenne prévoit effectivement une procédure de destitution pour les juges de la Cour suprême, son application reste extrêmement rare.
Jamais dans l’histoire récente du pays un magistrat de la Haute juridiction et encore moins sa présidente, n’avait fait l’objet d’une telle procédure. La Cour suprême, garante de l’interprétation de la Constitution et arbitre ultime des conflits institutionnels, se retrouve donc aujourd’hui fragilisée dans son autorité.
Alors que la présidence se défend de toute manœuvre politique, certains voient dans cette démarche présidentielle, une volonté d’affaiblir le pouvoir judiciaire dans un pays pourtant réputé pour ses traditions démocratiques, comparé à de nombreux autres du continent.
Un nom au cœur de la tempête
« Je pense que c’est une totale mascarade. C’est la plus grande attaque contre le [pouvoir judiciaire] dans l’histoire de la nation, la plus grande atteinte à l’indépendance de la justice sous le régime constitutionnel de ce pays « , s’est indigné Godfred Yeboah Dame, ancien procureur général, dans les colonnes de BBC.
Ce n’est pas la première fois que Mme Torkornoo, la troisième femme à occuper le poste de présidente de la Cour suprême au Ghana, est au cœur de la tempête.
Selon Reuters, la juge de 62 ans a survécu à une demande de révocation plus tôt cette année sous l’ancien président Nana Akufo-Addo. Ce dernier aurait rétorqué une pétition visant à obtenir la tête de la haute magistrate au motif que le texte présentait « plusieurs lacunes ».
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