
Le frère de l’ancien président burkinabè, vivant en France depuis huit ans pour raison de sécurité, se retrouve désormais coincé en Côte d’Ivoire, avec le risque d’être extradé vers le Burkina voisin où la justice l’attend de pied ferme.
Une fois de plus, le sort de François Compaoré se retrouve lié au nom de son frère aîné et ancien président du Burkina Faso, Blaise. Venu depuis la France assister ce dernier désormais à la santé chancelante en Côte d’Ivoire qui l’accueille en exil depuis sa perte du pouvoir en 2014, François se voit contraint d’y rester.
En cause, le refus des autorités françaises de lui renouveler son visa arrivé à expiration durant ce déplacement à Abidjan, dans la capitale ivoirienne, fin 2024. L’homme se bat depuis pour faire annuler cette décision.
Une question de vie ou de mort à en croire les arguments présentés par ses avocats. Ceux-ci estiment en effet que la présence prolongée de leur client sur le sol ivoirien, pays dont il est pourtant un ressortissant, l’exposerait « à des risques d’enlèvement ou d’assassinat en raison de son lien familial avec Blaise Compaoré ».
L’intéressé fait également valoir que « la Côte d’Ivoire n’était pas en mesure de le protéger contre de tels risques », et qu’il « risquait d’être extradé au Burkina Faso malgré sa nationalité ivoirienne », selon des informations rapportées en janvier dernier par Jeune Afrique (JA).
Un hôte encombrant
À cela s’ajoute la santé de son fils Maël Compaoré, 19 ans et résident en France, dont la « pathologie » nécessiterait une opération, planifiée avant le départ du paternel de Paris. Autant d’arguments rejetés par le juge des référés, lequel a déjà formulé deux rejets successifs.
Selon JA, l’autorité judiciaire estime qu’il n’y a pas d’urgence particulière justifiant sa saisine « avant même que l’administration [le sous-directeur des visas] ait statué sur le recours introduit devant elle ».
« Il n’est pas établi que la Côte d’Ivoire accepterait de procéder à l’extradition de l’un de ses ressortissants vers un autre État », indique le juge, alors que la France semble plus que jamais décidée à se débarrasser de cet hôte encombrant.
Un nouveau front judiciaire
Résidant à Paris depuis 2017, François Compaoré tente depuis d’empêcher l’éventualité d’une extradition au Burkina Faso. Le pays l’accuse d’être impliqué dans l’assassinat du célèbre journaliste Norbert Zongo. Lequel enquêtait sur une affaire scabreuse liée au chauffeur de François avant sa disparition en 1997.
Cette extradition serait intervenue si la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) n’avait pas statué contre en 2021, un jugement confirmé deux ans plus tard. Mais l’Allemagne aurait omis d’effacer la notice rouge d’Interpol à l’origine de l’extradition précédemment entreprise par Paris.
De quoi empêcher l’obtention par l’intéressé d’un nouveau visa. François Compaoré qui avait entre-temps décidé de s’en remettre au Conseil d’État s’est finalement désisté, d’après Jeune Afrique. Il aurait décidé de se battre sur un autre front : celui de l’effacement souhaité de la notice rouge à l’origine de son séjour prolongé en Côte d’Ivoire.
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