En Guinée, Mamadi Doumbouya fait le vide autour de lui

Plus de quatre ans après son arrivée au pouvoir, le putschiste de Conakry tient les rênes d’une main de fer, réprimant toute contestation possible.

« Mieux vaut le diable qu’on connaît que celui qu’on ne connaît pas », dit le proverbe populaire. En Guinée, les réjouissances suite au départ forcé du pouvoir d’Alpha Condé ont ainsi dû céder le pas à la désillusion. Car la gestion du pays par son successeur a tout l’air du scénario d’un film d’horreur.

« La Guinée d’aujourd’hui ressemble à celle de l’après-agression portugaise de 1970 », témoigne auprès du magazine Jeune Afrique (JA), un membre de la société, tout en prenant le soin de garder secret son identité.

En effet, critiquer le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, « notre papa de la nation » comme l’a désigné le 11 mars dernier, Ahmed Sékou Traoré, président de la délégation spéciale de Ratoma, une importante de Conakry, la capitale, peut valoir des ennuis.

« Il faut éviter de venir demander pardon après », a mis en garde cet homme qui joue pour l’heure le rôle de maire provisoire de la ville, en marge d’une réunion avec des chefs de quartiers en réaction à des actes de décrochage des affiches à l’effigie du président de la transition.

Une opposition réduite au silence

De nombreuses personnes ouvertement hostiles aux militaires au pouvoir ont ainsi déjà été enlevées, jusque dans leur domicile ces derniers mois. Certains étant toujours détenu dans un lieu demeuré secret, sans aucune forme d’explication.

Dernière victime en date de cette méthode digne d’un véritable État de non-droit ? L’activiste Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée, retrouvé des heures plus tard roué de coups après avoir été kidnappé plus tôt chez lui par des hommes non-identifiés, selon des informations de JA.

Dans ce contexte de terreur permanente, les partis d’opposition même disposant d’une certaine assise dans le pays restent aphones par crainte de représailles. D’autres à l’instar de l’Union pour la Guinée nouvelle (UGN), voient leurs membres débaucher par la junte.

Une présidentielle jouée d’avance ?

Selon les observateurs, toutes ces manœuvres de bâillonnement concourent des voix discordantes concurrentes à un seul but : assurer que Mamadi Doumbouya puisse avoir les meilleures chances possibles dans le cadre d’une élection présidentielle toujours attendue et dont il avait pourtant juré ne pas prendre part.

« Il est évident que la candidature du président Mamadi Doumbouya est la seule alternative », a ainsi assuré le général Amara Camara, secrétaire général à la présidence et fidèle parmi les fidèles du général putschiste en février dernier.

Autant dire que les dés sont d’ores et déjà pipés d’avance. « L’accumulation de frustrations peut entraîner une déflagration. C’est comme un véhicule dont on aurait bouché le pot d’échappement », averti toutefois en garde une source dans les colonnes de Jeune Afrique.


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