Le géant américain est accusé d’utiliser des minerais de sang dans le cadre des ressources nécessaires à la conception de ses appareils.
La République démocratique du Congo (RDC) a décidé d’entrer en guerre contre Apple. Dans une démarche révélée le 17 décembre par Reuters, le pays d’Afrique centrale a déposé des plaintes pénales contre la firme technologique américaine, une des entreprises les mieux valorisées du monde.
Au cœur de cette offensive juridique assez rare de la part d’un État africain, figurent les ressources utilisées pour la fabrication des produits Apple, dont l’iPhone, son précieux smartphone. Autrement dit, les fameux minerais dits « 3T » – pour l’étain, le tantale et le tungstène – indispensables à l’industrie électronique et dont la RDC est richement dotée.
Notamment dans sa vaste région de l’Est, près de la frontière avec le Rwanda. Hélas, cette zone se caractérise par un conflit en cours depuis plus de 20 ans, avec d’un côté des groupes rebelles, et de l’autre l’État central. Ce dernier accusant le voisin rwandais de soutenir les belligérants.
Lesquels profiteraient par ailleurs, selon plusieurs rapports internationaux, du développement d’un marché noir autour de ces ressources naturelles pour prospérer financièrement.
Une chaîne d’approvisionnement vérolée ?
Les plaintes formulées contre les filiales d’Apple en France et en Belgique, accuse l’entreprise de tirer profit de ces minerais dits de conflit en raison de leur zone d’exploitation, à travers un vaste système de blanchiment.
D’après les avocats de la RDC, Apple dissimulerait l’origine des minerais présents dans ses smartphones via des chaînes d’approvisionnement internationales complexes. Ils évoquent à cet effet, le programme ITSCI, un mécanisme de certification censé garantir la traçabilité des minerais, mais dont la crédibilité est sérieusement remise en cause.
« Il est clair que le groupe Apple, Apple France et Apple Retail France savent très bien que leur chaîne d’approvisionnement en minerais repose sur des actes répréhensibles systémiques« , indique la plainte française citée par Reuters, évoquant des rapports de l’ONU et d’organismes de défense des droits humains sur le conflit dans l’est du Congo.
Des accusations suffisamment graves
Le système de certification, pourtant mis en avant par la firme de Cupertino dans ses rapports officiels, a été désavoué par la Responsible Minerals Initiative (RMI), dont le groupe fait partie. Apple dément cependant tout recours aux minerais concernés, ajoutant avoir expressément interdit à ses fournisseurs d’en utiliser.
« Les déclarations d’Apple concernant les changements dans sa chaîne d’approvisionnement devront être vérifiées sur le terrain, avec des faits et des chiffres à l’appui », ont répliqué les avocats de l’État congolais dans une déclaration à Reuters.
Il incombe désormais aux autorités judiciaires des deux pays de décider s’il faut approfondir l’enquête sur les plaintes et ainsi ouvrir des poursuites formelles contre Apple. Un processus de longue haleine.
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