Sénégal : la France accusée de s’ingérer dans la présidentielle

Paris serait impliquée dans la facilitation du dossier d’un candidat en principe hors course à cause de sa binationalité.

Au Sénégal, la polémique n’en finit pas d’enfler. Le gouvernement d’Emmanuel Macron tirerait-il des ficelles dans le but de favoriser la candidature de Karim Wade ? Âgé de 55 ans, ce dernier est né à Paris, de l’ancien président Abdoulaye Wade et d’une mère française, en l’occurrence Viviane Wade.

Une telle filiation fait de lui un franco-sénégalais et le proscrit de fait de prendre part à la course à la magistrature suprême. Car la Constitution du pays stipule en son article 28 tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise.

Karim Wade exilé au Qatar depuis 2016 après des démêlés judiciaires au Sénégal, prétend cependant avoir renoncé à sa nationalité française depuis 2018. Une position réitérée à maintes reprises ces dernières années par son camp sans que l’on en sache davantage.

Un décret soudain

Jusqu’à mercredi 17 janvier 2024, lorsqu’apparaît soudainement, un décret du datant de la veille, publié au Journal officiel de la République française, sous les signatures du Premier ministre Gabriel Attal et de son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, actant la renonciation de Wade fils à la nationalité française.

Reste que le Conseil constitutionnel avait d’ores et déjà clôturé, trois semaines plus tôt, la liste des candidatures à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Une liste à laquelle figure Karim Wade en attendant un second filtrage attendu pour le 20 janvier.

Comment l’ancien ministre sénégalais a-t-il pu dès lors passer les mailles du filet afin de voir sa candidature retenue, alors que la date de publication du décret cité plus haut suggère qu’il était encore Français au moment de la réception des dossiers ?

Un torrent d’accusations

La question est d’autant plus intrigante que le site du ministère français de l’Intérieur indique que « le décret de perte de la nationalité française prend effet à la date du décret ». Pour la République des Valeurs, dont le leader Thierno Alassane Sall, avait interpellé le Conseil constitutionnel sur la double-nationalité de Karim Wade, la réponse ne fait pas de doute.

« Le timing laisse penser que le gouvernement français s’est précipité pour sauver un candidat à la présidentielle sénégalaise. Quel est l’intérêt de la France dans notre élection ? », s’interroge M. Faye, un de ses membres, cité par Le Monde. Il met également en cause le juge constitutionnel d’avoir été de connivence avec Karim.

Le débat fait rage dans la presse sénégalaise alors que tous les regards sont désormais vers le Conseil constitutionnel.


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