Nosopharm a développé un antibiotique first-in-class pour lutter contre la résistance des agents pathogènes à Gram negatif. Ce traitement repose sur l’exploitation de deux bactéries à fort potentiel thérapeutique. A savoir Photorhabdus et Xenorhabdus, qui produisent des composés anti-microbiens.
Ces dernières années, l’incidence des infections bactériennes résistantes aux antibiotiques a fortement augmenté. Elle a fait plus d’un million de morts en 2019, dont 59% dus aux agents pathogènes à Gram négatif multirésistants. Ces bactéries sont très dangereuses d’autant qu’il n’existe aucun traitement à ce jour. Face à l’impasse, l’OMS a appelé à développer rapidement des composés avec de nouveaux modes d’action. Mais la conception de tels composés représente un énorme défi scientifique.
Combattre les bactéries avec d’autres bactéries
Nosopharm, une entreprise de biotechnologie française, est l’un des rares groupes en R&D antibactérienne à s’attaquer à ces agents pathogènes à Gram négatif. Ceux-ci sont responsables des infections nosocomiales, essentiellement contractées en milieu hospitalier. Pour combattre ces maladies, la société nîmoise a choisi d’exploiter des bactéries contre d’autres bactéries ( une technique largement répandue dans le milieu scientifique et médical). Elle a travaillé sur Photorhabdus et Xenorhabdus. Ces bactéries à fort potentiel inexploité produisent naturellement des antibiotiques pour combattre d’autres microbes en s’établissant dans des niches écologiques.
Développement d’une nouvelle classe d’antibiotique
Photorhabdus et Xenorhabdus produisent précisement des composés qui empêchent les autres virus d’empiéter sur leurs territoires. Les chercheurs de Nosopharm ont créé une plate-forme de découverte de médicaments pour isoler et cribler ces deux bactéries. Ils ont pu identifier une nouvelle famille antibactérienne plus efficace, appelée odilorhabdins. A partir de cette classe, ils ont développé un nouvel antibiotique promoteur. Son nom c’est Noso-502. Sa mission? Traiter les principales infections nosocomiales, causées par les entérobactéries multirésistantes comme Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae.
Un nouveau mécanisme d’action contre les entérobactéries résistantes
Selon des résultats de tests publiés en juin 2022 par Nosopharm, Noso-502 inhibe le ribosome bactérien grâce à un nouveau mode d’action contre les entérobactéries résistantes aux carbapénèmes. En effet, si les autres antibiotiques agissent en se liant à la petite sous-unité ribosomale ou à la grande, le remède innovant interagit à la fois avec la petite sous-unité ribosomique et la grande molécule. Une autre étude parue en octobre 2022, en partenariat avec l’Inserm, confirme l’activité à large spectre antibactérienne de Noso-502 contre les agents pathogènes à Gram négatif et à Gram positif. Le traitement réduit considérablement les niveaux les souches les plus résistantes.
Remaniement du conseil de surveillance
Ces études toxicologiques positives constituent un motif d’espoir pour le monde scientifique et médical. Elles permettent à Nosopharm de prévoir des essais cliniques chez l’Homme dès cette année. « Nous en sommes très satisfaits », a commenté Philippe Villain-Guillot, co-fondateur et président du directoire du groupe nîmois. Pour conduire cette phase décisive, l’entreprise a remanié son conseil de surveillance à l’été dernier. Il a principalement nommé Jacques Dumas à la présidence, en remplacement de Jacques Biton. La nouvelle équipe doit développer des partenariats stratégiques et réaliser le prochain tour de table pour lancer l’étape clé des essais cliniques.
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