Le Burkina Faso sombre dans l’incertitude avec un nouveau coup d’Etat 

Le mémorial des martyrs à Ouagadougou.
Image par Aza Lea de Pixabay

Le Burkina Faso a enregistré vendredi un nouveau coup d’Etat, le deuxième en seulement huit mois. A la tête de ce putsch se trouve le capitaine Ibrahim Traoré, qui promet d’améliorer la situation sécuritaire du pays.

Huit mois seulement après le putsch du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le Burkina Faso enregistre un nouveau coup d’Etat sans effusion de sang. Vendredi, une vingtaine de soldats des unités « Cobra » a pris le pouvoir après avoir tiré quelques rafales en l’air pendant une poignée de minutes dans le quartier de la présidence à Ouagadougou. En fin de journée, ils sont apparus sur le plateau de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina Faso pour faire une déclaration.

Fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays

Dans un communiqué lu par le capitaine Kisswera Farouk Azaria Sorgho, les mutins ont expliqué que leur action est le résultat des « choix hasardeux du lieutenant-colonel Damiba », qui ont progressivement affaibli le système sécuritaire du Burkina Faso. Ils pointent aussi les « lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu», mais qui  « se sont aggravées sous la transition, compromettant aussi les opérations à caractère stratégique ».

Les putschistes ont promis de convoquer « incessamment les forces vives de la Nation » afin de désigner un « nouveau président du Faso, civil ou militaire ». Ils ont également décidé d’un couvre-feu de 21 heures à 5 heures et annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes du Burkina Faso jusqu’à nouvel ordre. Enfin, ils ont suspendu la Constitution et dissout le gouvernement ainsi que l’Assemblée législative de transition mise en place en mars 2022.

Un coup d’Etat en réaction à la dégradation de la situation sécuritaire

En attendant de mettre un nouveau président et gouvernement, Ibrahim Traoré prend la tête du Burkina Faso avec son Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Contrairement à ces camarades qui appartiennent aux unités « Cobra », ce jeune soldat était qu’à vendredi le chef d’artillerie du 10e régiment de commandement d’appui et de soutien de Kaya, un corps situé à une centaine de kilomètres de la capitale Ouagadougou.

Le nouveau chef de la transition burkinabé fait partie des jeunes officiers qui ont renversé Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier 2022, et porté le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba à la tête du pays. Mais quelques mois après, la troupe a mis en cause la stratégie de leur leader pour contrer le terrorisme dans le nord. Les jeunes soldats lui reprochent d’avoir laissé la situation sécuritaire se dégrader. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase fut certainement l’attaque djihadiste meurtrière contre un convoi de ravitaillement, le lundi 26 septembre. Cet assaut a fait au moins onze soldats tués et une cinquantaine de civils disparus.

Un appel à une coopération militaire avec la Russie

Le capitaine Ibrahim Traoré veut redonner de la puissance à l’armée nationale. Il souhaite particulièrement améliorer sa logistique et sa coordination, ainsi que renforcer ses équipements. Le nouvel homme fort de Ouaga a le soutien du peuple, qui a contraint Damiba à demissionner ce dimanche. Celui-ci avait tenté de reprendre le pouvoir avec l’aide d’un noyau de soldats restés fidèles. Comme au Mali, la population semble s’être entichée de la Russie. Vendredi, elle a organisé un rassemblement sur la grande place de la Nation à Ouagadougou avec des drapeaux russes pour réclamer une coopération militaire avec Moscou.

De quoi inquiéter la communauté internationale, déjà en conflit avec Bamako à cause de la présence de Wagner sur le sol malien et des critiques acerbes la visant. Sans surprise, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a fermement condamné la prise de pouvoir par la force au Burkina Faso, pays suspendu de ses instances depuis le coup d’Etat de janvier. L’organisation sous-régionale trouve  inopportun le nouveau putsch « au moment où des progrès ont été réalisés (…) pour un retour à l’ordre constitutionnel » d’ici le 1er juillet 2024. L’Union européenne et les Etats-Unis ont également émis des craintes, après que des manifestants ont pris d’assaut l’ambassade de France samedi.


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