La jeune femme accusatrice de l’opposant Ousmane Sonko de viols avec menace de mort vit aujourd’hui en marge de la société sénégalaise. Ces compatriotes ayant pris fait et cause pour son présumé bourreau entre-temps élu maire.
On ne l’avait plus entendu depuis novembre 2021, lors de sa sortie sur les réseaux sociaux en soutien à la Miss Sénégal 2020, Ndèye Fatima Dione, victime présumée de viol. Avant cela, il fallait remonter au 17 mars pour voir Adji Sarr, accuser de multiples viols avec menace de mort Ousmane Sonko, devant une presse sénégalaise à qui l’on aurait difficilement attribué le moindre sentiment de stupéfaction ou même de compassion malgré la gravité des faits racontés par la jeune femme.
Plus d’un an après, ce sentiment de ses compatriotes envers elle n’a pas changé. L’ancienne employée du salon de massage Sweet Beauty à Dakar est toujours aussi méprisée par l’opinion publique sénégalaise. Son tort ? Le fait d’avoir accusé de viols l’un des plus célèbres personnages du paysage politique actuel au Sénégal. En l’occurrence, Ousmane Sonko, ancien inspecteur des douanes devenu un farouche opposant au régime du président Macky Sall.
Vie chamboulée
La vie d’Adji Sarr, 22 ans, a été chamboulée à jamais depuis sa plainte contre le chef du parti Pastef, comme en témoigne un reportage que lui a consacré Le Monde Afrique dans son édition du mercredi 2 mars. Un reportage consécutif à une rencontre avec la jeune femme dans un lieu tenu secret et sous escorte policière. Tant l’intéressée craint aujourd’hui pour sa vie. À tel point qu’elle est obligée de changer fréquemment d’adresse de résidence et de numéro de téléphone afin d’échapper aux menaces de mort de la part d’inconnus admiratifs d’Ousmane Sonko. Une figure politique en qui le citoyen lambda se reconnaît à travers ses prises de position antisystème.
Ils n’avaient d’ailleurs pas hésité à se constituer en boucliers autour de lui, début mars 2021, lors de sa convocation par la justice dans le cadre de cette affaire Adji Sarr. L’épisode avait vu la confrontation avec les forces de l’ordre dégénérer en scènes de guérilla urbaine. Bilan des violences ? 13 morts dont beaucoup attribuent encore aujourd’hui la responsabilité à l’ex-masseuse, coupable d’avoir fait le jeu du pouvoir pour mettre sous cloche un opposant politique.
Adji Sarr qui souhaite désormais partir du Sénégal pour se reconstruire demande justice. En attendant, son présumé agresseur vient de se faire élire maire de Ziguinchor dans le sud du Sénégal. Comme deux destins parallèles.
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