Le pays d’Afrique centrale n’a d’yeux que pour les Russes, d’une grande aide dans la partition qui le menace. Mais même si beaucoup refusent sur place de le croire, le jeu en réalité n’en vaut pas la chandelle.
La République centrafricaine (RCA) peut s’estimer heureuse d’avoir échappé (pour l’instant ?) à la partition qui la menace grâce à la contribution active des Russes. En l’occurrence le groupe paramilitaire nommé Wagner. En moins de quatre années, les forces de cette unité ont contribué à ramener plus de 60% du territoire centrafricain dans le giron de l’État.
Aujourd’hui, le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra contrôle plus de 80% du territoire national contre 20% à peine en 2018 sur fond de guerre civile avec des séparatistes. Une certaine paix semble actuellement de retour à Bangui, même si les combats continuent contre les bastions de résistance rebelle.
Hourra !
Cette nouvelle donne a de quoi ravir la population, meurtrie par les années de conflits internes dans ce pays de moins de cinq millions d’habitants. Ces derniers ne se lassent donc pas de manifester leur reconnaissance à la Russie salvatrice. Tout le contraire d’une France, qui avait selon les bruits provenant de Bangui, refusé de leur venir en aide malgré son statut d’ancienne puissance coloniale.
Les manifestations en remerciements aux soldats russes se multiplient en RCA depuis plusieurs mois. Le dernier en date a réuni, mercredi 23 février au pied du « monument des Russes » inauguré en fanfare en décembre dernier par les autorités, une centaine de personnes. En un mot, la France est désormais honnie en RCA. Vive la Russie !
Un lourd tribut
Mais ce que la cohue ignore peut-être et dont les dirigeants centrafricains sont sans doute conscients, c’est que les Russes présents ne viennent pas en bons samaritains. Wagner dont la filiation à Moscou a d’ailleurs toujours été niée par le Kremlin fonctionne selon la formule du mercenariat. Autrement dit, il n’obéit qu’au profit. Et la Centrafrique est pourvue en la matière.
Grâce à ses mines d’or, le pays rémunère gracieusement les paramilitaires russes pour leurs services. Ainsi que l’a démontré le documentaire « Wagner, l’armée des ombres de Poutine » diffusé sur France 5 il y a quelques jours. Une plongée dans le fonctionnement de ce groupe sans scrupules et responsables de plusieurs exactions. Entre intimidations, viols, enlèvements et exécutions sommaires, les faits d’armes de Wagner sont suffisamment documentés par l’ONU. Mais faudrait-il encore que les Centrafricains ouvrent les yeux.
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