Le parti historique au pouvoir en Afrique du Sud est gangrené par des accusations de corruption à l’origine de la suspension de son secrétaire général. Reste à savoir si le camp des réformateurs incarné par le président Cyril Ramaphosa pourra tuer le mal à la racine.
Que reste-t-il du Congrès national africain (ANC), une des principales formations politiques du siècle dernier ? Pas grand-chose, tant le parti de l’illustre Nelson Mandela semble péricliter depuis quelques années. À vrai dire, l’ancien chantre de la lutte contre l’Apartheid et Prix Nobel de la paix en 1993 aurait eu du mal à reconnaître le parti qui l’a autrefois porté au pouvoir.
Et pour cause, l’ANC est aujourd’hui fortement fragilisé par ses propres responsables. Des personnalités de premier plan sont notamment appelées à rendre des comptes à la justice pour de graves affaires de corruption. De cette situation est née une lutte de clans entre les partisans du statu quo et les autres décidés à réformer le parti.
Un secrétaire général suspendu
Au cœur de cette situation kafkaïenne, figure notamment Jacob Zuma, chef de l’État pendant près de dix ans. Un règne achevé dans l’humiliation d’une démission forcée en février 2018 après des accusations de détournement de fonds publics et de corruption. Tout puissant avant sa disgrâce, le sexagénaire chef de l’État s’était s’acoquiner avec les frères Gupta, hommes d’affaires indiens symbolisant aujourd’hui la gouvernance népotique des années Zuma. Ce dernier est depuis sous le coup de plusieurs enquêtes judiciaires.
L’ANC a entre-temps vu émerger une autre tête tout aussi embarrassante pour ses instances. Il s’agit d’Ace Magashule, secrétaire général du parti depuis décembre 2017. L’homme de 61 ans est notamment mis en cause par la justice pour son implication présumée dans des malversations remontant à 2009-2018, au moment de son règne comme Premier ministre du Free State, une des provinces du pays. Appelé à démissionner de ses fonctions au sein de l’ANC, il n’a jamais obtempéré. Jusqu’à sa suspension par le parti début mai.
Le défi de Ramaphosa
De nombreuses personnes se réjouissent de la déchéance d’Ace Magashule, figure majeure et ô combien influente de l’ANC. D’autres en revanche se demandent si cela préfigure enfin de la volonté du parti de débarrasser ses instances des mauvaises graines. L’ANC qui a enregistré un de ses pires scores électoraux aux élections générales de 2019 consacrant l’arrivée au pouvoir de l’actuel président Cyril Ramaphosa en a en tout cas besoin. Ce dernier a promis une lutte implacable contre la corruption.
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