Contrairement à ses homologues ivoirien et guinéen qui ont trouvé des subterfuges pour se maintenir au pouvoir, le président nigérien Mahamadou Issoufou va bel et bien passer le relais le 27 décembre prochain. Trente candidats ont été retenus par la Cour constitutionnelle pour lui succéder, dont Mohamed Bazoum choisi par son parti, le PNDS-Tarayya.
Depuis plusieurs mois, Mahamadou Issoufou répétait qu’il ne briguera pas un troisième mandat. Et il a tenu promesse. Il a effectivement passé le flambeau à un compagnon de lutte, Mohamed Bazoum, qui représentera le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) à la présidentielle du 27 décembre 2020. Un choix jugé très audacieux car cet homme de 60 ans est issu d’une communauté arabe de l’Est, très minoritaire. Le chef de l’Etat sortant voudrait sans doute démontrer que la société nigérienne ne s’embarrasse plus du tribalisme.
Un poids lourd de l’opposition « Out »
Pour exaucer ce vœu, Mohamed Bazoum devra d’abord convaincre les 7,4 millions d’électeurs nigériens de voter pour lui. Aussi, sur sa route se dressent trente candidats retenus par la Cour constitutionnelle sur 41 dossiers déposés. Parmi les 11 candidats recalés se trouve Hama Amadou, le principal opposant et sérieux challenger du régime en place. Cette éviction s’explique par sa condamnation, en mars 2017, à la peine d’un an de prison dans l’affaire dite de trafic des bébés du Nigéria.
Lors d’un meeting tenu samedi dernier dans le grand stade de Niamey, Hama Amadou a toutefois indiqué avoir introduit un recours en opposition à sa condamnation et que la Cour ne peut pas invalider sa candidature. Quant aux dix autres candidats, ils ont vu leurs dossiers rejetés faute de reçu attestant le paiement de la caution de 25 millions de francs CFA (50.000 USD).
Mahamadou Issoufou montre l’exemple
Si le principal opposant a été écarté, force est de constater que la présidentielle nigérienne sera plus représentative de la diversité d’opinion dans ce pays que le scrutin en Côte d’Ivoire notamment. La Cour constitutionnelle ivoirienne a pris soin d’invalider 40 candidatures sur les 44 sur des motifs très contestables. Finalement, après le boycott de l’opposition, Alassane Ouattara, qui briguait un troisième mandat anticonstitutionnel, a affronté Kouadio Konan Bertin. Un faire-valoir issu des rangs du PDCI d’Henri Konan Bédié.
Le président ivoirien, présenté comme un grand démocratique, avait pourtant juré passer la main à une nouvelle génération. Il a prétexté la mort de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly, à trois mois de la présidentielle, pour se relancer. Un argument parfaitement farfelu, qui n’a « convaincu » qu’Emmanuel Macron… En Guinée aussi, Alpha Condé est passé en force avec l’armée à ses côtés. Lui aussi se croit indispensable à la vie de sa nation. Face à ces nouvelles formes de coups d’Etat en Afrique, le retrait de Mahamadou Issoufou devrait donc être vivement salué par la communauté internationale.
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