L’Égypte s’engage dans un pari risqué pour l’après-guerre à Gaza

Le Caire coordonne la formation d’une force militaire pour sécuriser l’enclave palestinienne. Problème : ce plan divise déjà ses alliés.

Selon le Wall Street Journal (WSJ), des centaines de Palestiniens suivent, depuis plusieurs semaines, un entraînement intensif de sécurité mené par l’Égypte pour la création d’une force de 10 000 hommes destinée à prendre le contrôle sécuritaire de Gaza une fois la guerre terminée.

L’initiative, confirmée par des responsables arabes au quotidien américain, reflète la conviction croissante des pays arabes qu’une alternative crédible au Hamas doit être mise en place pour éviter que le chaos ne succède au conflit.

Elle s’inscrit également dans une stratégie régionale visant à écarter le Hamas du pouvoir gazaoui, car selon les sources arabes consultées par le WSJ, cette force internationale comprendrait principalement des effectifs égyptiens, épaulés par des contingents jordaniens et des États du Golfe.

La majorité de ces futurs agents de sécurité proviendrait des services de l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie, complétés par des membres du Fatah – le parti laïc rival historique du Hamas – originaires de Gaza.

Le défi de la résistance israélienne

« Le Hamas ne doit pas faire partie du jour d’après. Sans l’AP, c’est soit le Hamas, soit le chaos« , martèle Mahmoud al-Habbash, conseiller senior du président de l’État de Palestine Mahmoud Abbas, cité par le Wall Street Journal. Cette position, désormais consensuelle dans le monde arabe, n’empêche pas l’initiative égyptienne de se heurter à plusieurs obstacles.

Les Émirats arabes unis conditionnent ainsi leur participation à des réformes préalables de l’Autorité palestinienne, alors que 5 000 personnels de sécurité doivent être envoyés dès le premier jour d’un cessez-le-feu pour une formation de six mois en Égypte.

L’autre défi concerne la détermination israélienne à ne rien céder sur ce que l’État hébreu considère comme acquis dans sa guerre contre Gaza, marquée désormais par des accusations de génocide. Benjamin Netanyahu et son gouvernement ont ainsi clairement exprimé leur opposition à tout retour de l’Autorité palestinienne dans l’enclave côtière.

L’équation complexe de l’après-guerre

« L’Égypte veut que l’AP soit à Gaza, et c’est quelque chose qu’Israël n’acceptera pas« , confirme Amir Avivi, ancien responsable de la défense et proche du gouvernement de Netanyahu. Selon lui, la sécurité quotidienne serait assurée par des acteurs locaux sans affiliation ni au Hamas ni à l’Autorité, Israël conservant le contrôle sécuritaire global.

Le Hamas a par ailleurs sans surprise rejeté la proposition égypto-qatarie, qualifiant l’idée d’une force internationale de « ni viable ni pratique », selon les termes rapportés par le WSJ. L’organisation maintient qu’aucune force non-palestinienne ne sera jamais acceptée ou ne pourra réussir à Gaza.

Ces divergences de vues illustrent l’impasse diplomatique qui se joue à Gaza. Chacun a sa vision de l’avenir de cette enclave souvent décrite comme « une prison à ciel ouvert », mais personne n’arrive à se mettre d’accord. Pendant ce temps, la population palestinienne paie un lourd tribut pour cette guerre qui a déjà fait plus de 60 000 morts.


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