
L’accès aux postes publics est massivement conditionné par le versement de pots-de-vin, selon une récente étude.
« En Ouganda, tout s’achète ». Aussi lapidaire que soit ce commentaire de Henry Muguzi, directeur exécutif de l’Alliance for Finance Monitoring (ACFIM), organisation panafricaine indépendante spécialisée dans la promotion de la transparence, à RFI, il n’en demeure pas moins vrai à la lumière de l’état de corruption récemment révélé par un rapport.
Et cela concerne particulièrement la fonction publique. D’après l’Inspection générale du gouvernement (IGG), plus d’un tiers (35%) des fonctionnaires ougandais ont acheté leur poste entre 2018 et 2022.
Cette pratique touche particulièrement les recrutements au niveau local, où plus d’un tiers des embauches sont entachées de corruption, contre 25% au niveau des ministères et agences centrales.
« Les candidats déboursent entre 500 et 1 000 dollars (470 à 940 €) pour un poste dans un district, et jusqu’à 5 000 dollars (4 700 €) pour un emploi dans une agence nationale », indique Muguzi. Le produit de ce système de corruption s’élèverait à près de 29 milliards de shillings (environ 7,5 millions d’euros), alors que les montants réclamés atteindraient 78 milliards de shillings, soit près de 20 millions d’euros.
La santé et l’éducation au cœur du fléau
Ce fléau frappe de plein fouet deux secteurs essentiels pour le développement du pays : l’éducation et la santé. Le premier se caractérise par 36,9 milliards de shillings réclamés, soit 9,5 millions d’euros. Quant au second, il a enregistré un montant record de 12,87 milliards de shillings, soit 3,3 millions d’euros, de frais versés.
« Ces chiffres ne surprennent personne en Ouganda. Ils sont sous-évalués. En réalité, on atteindrait les 40-50 %. Le recrutement basé sur le mérite n’existe plus. Les personnes obtiennent un emploi soit grâce à la corruption, soit grâce au népotisme », tranche Henry Muguzi dans les colonnes de RFI.
Selon le Corruption Perceptions Index (CPI) de 2023 de l’ONG Transparency International, l’Ouganda occupe le 141e rang sur 180 pays, avec un score de 26 sur 100, où 0 représente une corruption perçue comme « très élevée » et 100 une corruption perçue comme « très faible ».
Un cercle vicieux qui appauvrit l’État et les citoyens
« C’est la raison pour laquelle la plupart des institutions ne fonctionnent pas », poursuit le responsable de l’ACFIM, alors que l’Ouganda se trouve dans un état des plus préoccupants, symbole de la gouvernance de Yoweri Museveni.
À 80 ans, celui qui est arrivé au pouvoir en 1986 est en lice pour un nouveau mandat dans le cadre de la présidentielle de janvier 2026. « Le président commence à agir, mais je pense que c’est trop tard », constate Muguzi.
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