
À 83 ans et après trois échecs à la présidentielle, l’ancien président de l’Assemblée nationale livre ce qui constitue sans doute son ultime combat : sauver son parti de la vague destructrice qui a emporté de nombreuses formations politiques sous la présidence de Patrice Talon.
Le Parti du renouveau démocratique (PRD) existe-t-il toujours ? Cette question, aussi surprenante soit-elle au regard de l’importance historique de cette formation dans l’histoire politique béninoise, trouve sa pertinence dans le contexte actuel.
Notamment depuis que le ministre de l’Intérieur par la voix de son directeur de cabinet Abasse Olossoumaré, y a récemment répondu par la négative .
« Le PRD a cessé d’exister en tant que personne morale à compter de la date de sa fusion avec le parti politique Union progressiste pour donner naissance à un nouveau parti politique, Union progressiste le Renouveau », a-t-il ainsi écrit le 20 mai dernier dans une lettre adressée au secrétaire général adjoint (SGA) du parti, Gratien Laurent Ahouanmènou.
Cette déclaration survient dans un contexte de tensions internes à l’Union progressiste le Renouveau (UPR), l’une des deux principales formations de la majorité présidentielle à laquelle le PRD s’est allié depuis 2022.
Grandes manœuvres et escalade
Le 17 avril dernier, le SGA avait dénoncé dans un communiqué du PRD les « injures, calomnies et attaques de bas étage dont fait l’objet Me Adrien Houngbédji, président du PRD, depuis quelques jours de la part de certaines personnalités politiques, y compris des membres du gouvernement ». Cette réaction faisait suite aux déclarations de Houngbédji en février, critiquant l’état de la démocratie béninoise.
« C’est la méthode de gouvernement que vous employez qui entraîne la forme d’opposition que vous avez. C’est la méthode de gouvernement que vous employez qui entraîne la forme d’opposition que vous avez », avait déclaré cette figure emblématique de la politique béninoise, réclamant la libération des opposants et le retour des exilés.
Depuis, les tensions n’ont cessé de monter entre le PRD et le pouvoir. Les grandes manœuvres déjà engagées en vue des élections de 2026 (législatives, communales et présidentielle) alimentant cette escalade.
Un bras juridico-politique ?
En réaction à la disparition annoncée de son parti, Adrien Houngbédji a riposté le 5 juin dernier, dénonçant une interprétation erronée. « Les décisions de fusion ne peuvent pas entraîner la dissolution du PRD, qui conserve ses attributs, son patrimoine et son autonomie fonctionnelle, excepté ceux concédés. [En outre], il peut constituer un courant à l’intérieur de la nouvelle formation », rappelle l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Il ajoute : « Je ne crois pas qu’il soit possible de décréter l’inexistence du PRD par une simple lettre, alors que toutes les pièces prouvent le contraire », suscitant la réaction du gouvernement.
« Les textes des partis politiques sont leurs lois internes. Ces textes ne sont pas au-dessus des lois de la République », a rétorqué le porte-parole gouvernemental Wilfried Léandre Houngbédji. Une escalade qui laisse présager un conflit judiciaire.
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