Un milliard sous tension entre Luanda et JPMorgan

Luanda cherche à prolonger le prêt obtenu auprès de la banque américaine, tout en espérant renégocier ses conditions afin d’en réduire le coût, jugé excessif dans un contexte de fortes tensions sur sa dette extérieure.

Selon un haut responsable du ministère des Finances cité par Reuters le 26 novembre, l’Angola a choisi de renouveler une facilité de crédit d’un milliard de dollars contractée l’an dernier auprès de JPMorgan Chase. Mais pas à n’importe quel prix.

Le pays d’Afrique australe cherche à obtenir un taux d’intérêt plus avantageux que celui négocié à l’origine, le coût de ce financement s’établissant, d’après les indications fournies en mai par le ministère, juste en dessous de 9%.

Initialement destiné à arriver à échéance avant la fin de l’année, ce prêt conséquent avait été contracté dans un contexte de fortes pressions budgétaires. Comme le rappelle Reuters, la deuxième économie pétrolière d’Afrique, déjà fragilisée par la volatilité des prix du brut, reste grevée par un endettement extérieur élevé, ce qui limite ses marges de manœuvre fiscales.

« Seule la décision de prolonger a été prise. L’accord lui-même n’a pas encore été finalisé », a souligné le responsable du ministère des Finances à l’agence de presse, alors que du côté de JPMorgan, le silence est également de mise.

Un « swap » sous surveillance

Un représentant du bureau londonien de la banque américaine a refusé de se prononcer, laissant analystes et investisseurs dans l’expectative face à ce type d’opération, jugée risquée pour une économie déjà lourdement endettée.

Au centre du dispositif se trouve un contrat dérivé complexe – un Total Return Swap (TRS) d’un an – d’un montant d’un milliard de dollars, adossé à 1,9 milliard de dollars d’obligations souveraines en devises fortes, émises spécifiquement comme collatéral.

Plutôt que d’encaisser les fonds issus de ces obligations, le gouvernement angolais les a utilisées comme garantie pour obtenir deux lignes de crédit – l’une de 600 millions, l’autre de 400 millions de dollars – auprès de JPMorgan, évitant ainsi d’accroître formellement son stock de dettes publiques.

Des financements « hors écran » en expansion

Cette structure illustre la montée en puissance de financements alternatifs – dérivés, placements privés ou prêts bilatéraux – devenus prisés par les économies à faible notation, en quête de marges financières en dehors des circuits classiques des émissions obligataires.

Au printemps, JPMorgan avait réclamé 200 millions de dollars de garanties additionnelles après la baisse de la valeur des obligations apportées en collatéral, consécutive à l’imposition de nouveaux droits de douane américains sur plusieurs pays.

Le rebond ultérieur des titres, évalués récemment à environ 99,8 % de leur valeur faciale, a permis au gouvernement de récupérer cette réserve de sécurité. Mais l’épisode a révélé la vulnérabilité de ces montages sophistiqués pour des États sous tension financière.

Au-delà de l’Angola, cette transaction attire l’attention des investisseurs sur l’ensemble du continent africain. Les décisions de gestion de dette prises par les grandes économies du continent servent souvent de baromètre pour évaluer le climat d’investissement dans la région.


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