Mariam Cissé a été tuée par des combattants jihadistes en représailles à son soutien affiché au régime militaire actuellement au pouvoir, soumis depuis plusieurs semaines à un blocus imposé par ces groupes armés.
Le 7 novembre, la ville de Tonka, située à une centaine de kilomètres de Tombouctou, dans le nord du Mali, a été le théâtre d’un drame qui a profondément bouleversé le pays et bien au-delà.
Mariam Cissé, jeune créatrice de contenus d’une vingtaine d’années suivie par près de 95 000 personnes sur TikTok, a été abattue en plein jour par des jihadistes présumés. Son « crime » : avoir publiquement soutenu les forces armées maliennes sur les réseaux sociaux.
Aucun groupe n’a officiellement revendiqué ce meurtre, mais les soupçons se tournent naturellement vers le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, qui exerce une influence croissante dans la région.
La victime s’était en effet fait remarquer pour ses vidéos où elle apparaissait souvent vêtue de treillis, affichant sans détour son appui à l’armée dans sa lutte contre les groupes terroristes.
Une exécution symbole du chaos sécuritaire
Les circonstances du drame, rapportées par le correspondant de TV5 Monde au Sahel, Serge Daniel, traduisent la brutalité qui règne dans ces zones hors contrôle.
Le jour du marché, alors qu’elle se trouvait parmi la foule, la jeune femme aurait été repérée par des jihadistes. Ceux-ci, pensant qu’elle les filmait, l’ont reconnue comme partisane des forces armées.
Sous les yeux des habitants, elle a été enlevée puis emmenée à moto hors de la ville. Le lendemain, ses ravisseurs sont revenus avec elle à Tonka. Sur la place de l’Indépendance, ils ont orchestré une mise en scène macabre.
Les yeux et la bouche bandés, Mariam Cissé a été exhibée publiquement avant d’être exécutée. Au moins deux coups de feu ont retenti, mettant fin à la vie de cette jeune femme dont le seul tort était d’avoir exprimé son opinion sur les réseaux sociaux.
Un climat de peur et d’impuissance
L’un des aspects les plus sidérants de cette tragédie reste l’absence totale de réaction des forces de sécurité. D’après des témoignages recueillis sur place par Serge Daniel, ni l’armée malienne ni les combattants russes de l’Africa Corps (ex-Wagner), désormais actifs dans plusieurs régions du pays, n’étaient présents à Tonka lors de l’exécution.
Cette défaillance met en lumière les limites de l’État malien, incapable d’assurer la protection des civils alors que le pays subit un étau jihadiste de plus en plus étouffant. Le JNIM a ainsi imposé depuis septembre, un blocus à Bamako, paralysant notamment l’approvisionnement en carburant.
Jamais auparavant, selon plusieurs sources locales, une femme civile non engagée dans un groupe armé n’avait été exécutée publiquement pour avoir exprimé son soutien à l’armée.

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