L’Afrique n’est pas un jeu vidéo, défend le Nigeria

Le chef de la diplomatie nigériane fustige l’approche utilitaire des partenaires occidentaux, consistant souvent à réduire les liens économiques au seul prisme de l’exploitation des richesses du continent.

« Parfois, c’est comme le jeu Minecraft. Il y a du pétrole, du gaz, des minéraux critiques, des terres rares, on investit un peu ici et là. Non, ce n’est pas ainsi que cela fonctionne« . Dans un entretien accordé à Reuters le 22 octobre dernier, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, critique la doctrine des pays développés vis-à-vis du continent africain.

Un continent trop souvent perçu, selon lui, comme une terre d’opportunités économiques par ces puissances étrangères. Pour le ministre, il est urgent que les Occidentaux repensent leur relation avec l’Afrique.

« L’engagement devrait être basé sur le respect mutuel, sur des intérêts partagés et sur le fait que l’Afrique a besoin de se développer« , exhorte-t-il en marge du sommet Reuters NEXT à Abu Dhabi.

« Si elle ne se développe pas, nous continuerons à faire face à la migration irrégulière et à tous ces autres défis » a-t-il ajouté, soulignant qu’aucun pays ne peut survivre seul dans le monde actuel.

Un message à Donald Trump

Cet avertissement résonne particulièrement un contexte international marqué par la montée du nationalisme économique, notamment aux États-Unis où l’administration Trump ne voit les relations avec les autres États que sous une forme transactionnelle. En témoignent ses droits de douane tous azimuts.

À ce propos, Tuggar affirme que le Nigeria dont les produits sont taxés à 15% par Washington, est relativement épargné des contrecoups, fort d’un marché intérieur dynamique (230 millions d’habitants, pour une prévision de 400 millions d’ici 2050), de relations élargies avec la Chine, l’Inde ou encore le Brésil.

« Nous mettons l’accent sur l’autonomie stratégique. Nous avons le droit et la base pour engager des relations avec autant de pays que possible. Nos relations ne sont pas fondées sur des considérations idéologiques, mais sur des intérêts, à commencer par nos intérêts nationaux« , a-t-il affirmé.

Un appel à dépasser les faux récits

Le ministre a par ailleurs dénoncé les « faux récits » créés à propos du Nigeria, notamment concernant la prétendue persécution religieuse des chrétiens. « Cela ne pourrait être plus éloigné de la vérité, » a-t-il affirmé, invitant les investisseurs à venir voir par eux-mêmes.

« Nous avons des entreprises qui sont au Nigeria depuis des décennies. Elles ne sont pas parties. Et s’il y avait effectivement une persécution religieuse ou toute autre forme de persécution, elles ne seraient pas là« , a insisté Yusuf Tuggar, alors que les allégations de violence religieuse prolifèrent dans certains médias américains.

Comme le relève Reuters, le Nigeria est une mosaïque de plus de 200 ethnies pratiquant diverses religions (christianisme, islam, cultes traditionnels), où coexistent pacifiquement mosquées et églises.


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